vendredi 6 juin 2014

N° 217 : Real Disco Gems (France Joli, Melba Moore, La Velle, Gonzalez...)


Set non disponible


Mené à un train d'enfer, voici un set qui prend le pari de vous faire découvrir l'authentique disco des années 70 en faisant fi des sempiternels tracklistings (Boney M, Ottawan, Ritchie Family, Sylvester, Village People, Patrick Hernandez....) de ces compilations au rabais vendues dans les grandes surfaces et concoctées par des chefs de produit sans doute assez ignorants de ce style pourtant riche en joyaux inestimables.
Mais, plus grave encore, peut-être que ces mêmes compilateurs estiment que le client ne mérite pas autre chose au nom de la sacro-sainte loi des 20/80 (20% des titres représentent 80% de ce que les consommateurs veulent entendre et acheter), comme si nous étions de parfaits abrutis incapables d'apprécier ce que nous ne connaissons pas toujours.

Démarrage par un exercice de style souvent utilisé par Moroder avec Donna Summer : l'intro-ballade.
Un artifice parfait pour se placer de manière imparable en sortie de la série de slows. Les titres "Enough is Enough" (avec Barbra Streisand) ou "On the radio" en sont des exemples célèbres.
Il s'agit ici de "Come to me", premier hit de la chanteuse canadienne FRANCE JOLI, dont on n'a souvent retenu que le fabuleux "Gonna get over you".
L'arrangement ultra nerveux (133 bpm) ne laisse aucun répit et les transitions aux congas font mouche. Une voix masculine surgit soudain dans un break. Peut-elle s'agit il de Patrick Swayze, allez savoir ! non, plus sérieusement, je pencherais pour la voix du producteur, Tony Green (puisque aucun artiste n'est crédité). Georgio Moroder, Michael Cretu (Sandra) ou Frank Farian (Boney M) ne chantaient-ils pas aussi sur leurs productions !

"I'm a man" de MACHO est un reprise épique de l'original du Spencer Davis Group. Par ses riffs de cuivres, elle présente bien des similitudes avec le titre "Give me some lovin" de Kongas,  un groupe produit par Cerrone. Mais qui a copié l'autre ?
Les défenseurs de Cerrone affirment que son titre est sorti bien avant alors que les partisans de Mauro Malavasi (le producteur italien de Macho) argueront qu'il a bien trop de talent pour se compromettre dans le plagiat. Alors reste l'hypothèse d'un ingénieur du son qui aurait quitté la team Cerrone en emportant des bandes (les sons de cuivres sont presque identiques dans les deux titres). Dieu seul connait la réponse...

Autre exemple de disco tonitruant avec "Playgirl" de la chanteuse LA VELLE. J'espère que mon copain Fred qui détient les éditions de ce titre pourra récupérer quelques sous si d'aucuns d'entre vous craquent sur ce titre et vont se le procurer sur les plateformes légales.
La Velle est le cas typique de la super chanteuse de jazz à qui l'on propose de réaliser un "coup" disco en ciselant une mélodie sur mesure. Ecoutez ce final qui monte en tonalité à chaque mouvement, poussant la voix dans ses derniers retranchements. Et que dire de ces étranges breaks médiévaux à la flûte traversière. "Playgirl" fait partie des plus grands productions disco françaises des années 70 hélas très injustement méconnues... la faute aux compilateurs de pacotille à la culture 20/80 bien sûr ;-))

Vers la fin de son règne, la chanteuse CORONA (je crains qu'elle ne l'ait finalement jamais été puisque des soupçons sur la véritable interprète ont toujours plané) avait réussi avec "I don't wanna be a star" un sublime hit disco grâce à la maestria de l'incontournable Lee Marrow et son astucieuse utilisation de la rythmique de "Contact" de EDWIN STARR (que l'on retrouve juste derrière, histoire d'être sûr qu'il s'agit bien d'un sample). Les violons virevoltants sont dignes des productions de ces années bénies. Je vais encore tomber dans la nostalgie, mais quel dommage que les italiens ne soient plus capables de nous proposer cette dance music insouciante et gorgée de soleil.
A noter tout de même que le couplet de ce "I don't wanna be a star" est entièrement pompé sur "Can't fake the feeling" de Geraldine Hunt. Incorrigibles italiens !

C'est sans doute dans l'optimisme béat qui régnait à l'époque que les paroles de "Pick me up, i'll dance" ont été écrites. "Si tu viens me chercher au bord de la piste, j'irai danser" clame MELBA MOORE dans le refrain.

Auteur de tubes comme "Funky sensation" ou "All this love i'm giving", GWEN McCRAE nous livre ici "Keep the fire burning", un titre plus connoté funky et qui m'amène à trouver un enchaînement avec "Ultrafunkula" de ARMAND VAN HELDEN, le pendant obscur du tube planétaire "The Funk Phenomena". En musique, on ne peut que rarement rééditer les coups avec une idée quasi-similaire.

Cette digression se prolonge avec un remix de "Get on the floor" de MICHAEL JACKSON réalisé par Christian Diodati, remixeur au physique d'éphèbe qui a collaboré avec Mary J Blige, Angie Stone ou Alicia Keys. Ce remix a été commercialisé à l'occasion du 25e anniversaire de la sortie du mythique album "Off The Wall" (1979).
A mon sens, jamais Michael Jackson n'a pu artistiquement faire mieux que ce 5e album solo, opus bourré de hits authentiquement black réalisé cette fois sous la férule du producteur Quincy Jones, même si Thriller est le disque de tous les records.
D'ailleurs on nous ressort régulièrement des inédits que j'avoue ne jamais entendre dans les médias. Il est vrai que la source est quasi-inépuisable puisque Jackson se voyait proposer pour chaque album une centaine de titres pour une quinzaine retenus au final. Remixés à la sauce actuelle, je ne sais pas si l'on sert véritablement la mémoire de l'artiste alors qu'un Quincy Jones rappelé aux manettes (à 81 ans, il vient de produire le nouvel album de la jeune chanteuse pop-jazz canadienne Nikki Yanofsky) aurait sans doute su retrouver la verve et l'éclat des arrangements d'antan. 

Et l'on reste dans la famille avec "Walk Right Now", un tube parmi d'autres ("Can you feel it", "Lovely one", "Heartbreak Hotel") extrait de l'indispensable album des JACKSONS "Triumph" sorti en 1980.

Final dans la joie et l'allégresse de l'année 77 (et pourquoi pas cette année 77 ? après tout j'étais encore jeune, insouciant et d'un optimisme...béat !!!) avec tout d'abord "Haven't stopped dancing yet" de GONZALEZ  et ses percussions à profusion puis une curiosité sortie de mon cabinet (de curiosités) : AMADEO et "Moving like a superstar".
Amadeo est un célèbre chorégraphe basé à Paris qui, lui aussi, s'en était allé de son titre disco à l'époque où tout le monde s'engouffrait dans la brèche (ce fut d’ailleurs l'une des causes de la "mise à mort" du disco en 1979  tout comme les reprises à tire-larigot le furent pour l'eurodance en 1997). Pour un coup d'essai, ça n'est pas un coup de maître absolu puisque l'histoire ne l'a pas retenu, mais ce titre sympathique en vaut bien d'autres.