vendredi 28 septembre 2012

N° 163 : Hard 'n' Soul (Director's Cut, The Jinks, Bodyrox, Arty...)


Set non disponible

L'un des tubes électro-rock de l'automne sera sans nul doute "The City" du jeune prodige nantais Madeon, célèbre pour son mash-up de 39 titres (en 2'48 chrono !) et plus récemment pour son remix de "The Night Out" de Martin Solveig.
Digne héritier des Daft Punk, il en dépasse à mon sens le talent avec ce nouveau single au refrain irrésistible.

Seule ombre au tableau et pas des moindres, l'extraordinaire arrangement servant de teasing et joué tous l'été dans ses sets a été sérieusement assagi (concession commerciale ?). Gimmicks syncopés dans des montées de rolls, effets "mitraillette" sur voix/synthés et effet dub sur le couplet ont été totalement abandonnés. Espérons que la version Extended saura réintégrer les éléments qui rendaient ce titre totalement jouissif. "The City" n'est pour l'instant qu'un très très bon single. Sortie officielle du mini-EP le 8 octobre.


1/ ROISIN MURPHY "Never enough" : Roisin Murphy fut la chanteuse du groupe Moloko ("Sing it back" - 1998).
Découvert dans un set de Dimitri From Paris, j'ai eu toutes les difficultés à acquérir ce mix néo-disco de Sir Piers et Ed Funk, à penser qu'il doit être sorti dans la plus grande confidentialité.

Dans la remixographie de Piers Penfold (Sir Piers), j'ai découvert des remake très jazzy : "Bonita Applebum" de A Tribe Called Quest, à cent verstes du fabuleux mix de CJ Mackintosh et ses samples de "Slave to the Rhythm" (Grace Jones) ainsi qu'une version très "Masters At Work" de "If i Ain't Got You" de Alicia Keys.
En revanche, son mix du classique de Jill Scott, "Golden", me semble timestretché à un tempo trop rapide, perdant le groove au passage.
Impression mitigée également sur le remix de "Street Life" de Jamie Lewis, qui parait bien pâle par rapport à l'original des Crusaders (mais peut-être que la reprise était en elle-même déjà peu urgente).

2/ KATHY BROWN "Get another love" : depuis "Can't play around" avec les Masters At Work en 1993, Kathy Brown nous a convaincu qu'elle était l'une des grandes divas de la soulful house, une voix qui se fait bien trop rare sur la scène soulful. "Get another love" est la reprise d'un titre disco mollasson de Chantal Curtis (1979).
Dans la même veine, le "Never again" remixé par Copyright reste pour moi l'un des 10 grands disques soulful de la décennie 2000.

3/ DIRECTOR'S CUT ft. B Slade "Get Over U" : un titre qui annonçait le grand retour du "taulier de la soulful house", Frankie Knuckles (aidé de son acolyte Eric Kupper).
Vous pouvez vous procurer les oreilles bouchées pratiquement toutes leurs productions (notamment des remake de vieux classiques comme "Your love" de Jamie Principle et "Move your body" de Marshall Jefferson), les mixes d'une grande authenticité s'affranchissant des effets de mode tout en restant très actuels.

4/ THE SUNBURST BAND "Our lives are shaped" : rivalisant avec les productions de Jamiroquai, ce collectif créé par Joey Negro il y a déjà 12 ans et fusionnant boogie, jazz, funk et disco, mériterait enfin la reconnaissance du public français. Il devait se produire sur la scène du New Morning à Paris le 17 octobre dernier, mais pour des raisons que j'ignore le concert a été déprogrammé.

5/ ST GERMAIN "Alabama Blues" : remix 95' d'un original sorti deux ans plus tôt sur l'album "Motherland". L'américain Todd Edwards est un spécialiste du remix à base de boucles constituées de samples de titres disco, gospel et funk. L'influence de son maître à mixer Marc Kinchen, précurseur du genre sur "Push the feeling on" de Nightcrawlers, est assez flagrante.

6/ BJORK "Violently happy" : j'ai choisi d’enchaîner sur ce dub des Masters At Work car l'univers est assez proche. Le mix vocal est hélas peu intéressant, la voix et les mélodies torturées de Bjork se mariant assez mal à cette house new-yorkaise.

7/ BSOD "This is also the hook" : l'un de mes producteurs canadiens préférés, Deadmau5.
Egalement dans ce style électro minimaliste mais tonitruant, je vous avais récemment proposé "Lollercoaster". Tout comme chez Madeon, l'esprit Daft Punk n'est pas loin.

8/ BODYROX feat. Luciana "Yeah yeah" : il est évident que j'ai dérapé dans les profondeurs de l'underground ! Louie Vega a joué ce titre alors je me suis dit que l'imprimatur avait été accordée :-)
Ce fut un énorme hit au Royaume-uni en 2006. C'est le prototype de la folie créatrice soutenue par une voix à la signature immédiatement reconnaissable.
Jon Pearn, l'un des deux producteurs, est un ex-membre de Full Intention et Hustlers Convention, des noms qui nous évoquent la happy house et le disco revival UK des années 90.

La technique employée dans le gimmick est celle d'un accord majeur à 4 doigts (ici le doublage 1 octave en dessous d'un accord basique à deux doigts) passé dans le chord memory du plug-in (s'il en dispose d'un). Une fois mémorisé il suffit de jouer l'accord sur une seule touche en ajoutant un portamento sur les notes pour l'effet de glissement du son et de faire jouer le cut off du filtre et l'enveloppe à la molette.

9/ ARTY "Around the world" : oui, l'électro peut aussi se montrer totalement festive avec un titre aux pistes noyées dans les brumes de l'oblast de Saratov.

10/ AZEALIA BANKS feat. Lazy Jay "212" : j'ai découvert le clip sur la chaîne O-Five TV (cultures urbaines). Il s'agit à l'origine de "Float my boat", un instrumental de Lazy Jay (plus connu sous le nom de Basto!) auquel on a adjoint le rap de la chanteuse américaine Azelia Banks pour un crossover plutôt réussi.

11/ THE JINKS feat. Michelle Weeks "Shame" : retour final de la soulful avec l'une des divas du moment, Michelle Weeks, aussi indispensable et précieuse que Kathy Brown. Le remix est signé du DJ anglais de renommée internationale Groove Assassin.

vendredi 21 septembre 2012

N° 162 : Overnight sensation (D-Train, Debarge, Closer Than Close...)


Set non disponible

Je viens de finaliser le remix de mon premier single réalisé avec Nickita Starck.
Espérons que cette version plus électro fera mouche.
Vous pouvez en découvrir deux versions sur mon Soundcloud.

Dans la continuité du set de la semaine dernière, ce N° 162 s'attarde dans les années 80 avant d'entamer finalement une incursion dans la house du début des 90's.

1/ VANCE & SUZZANNE "I can't live without you" (1980) : l'original puis le bootleg signé de l'anglais The Revenge.
Un titre sorti sur un petit label U.S. à l'époque et qui m'avait échappé.
Il a été samplé par Brother Of Soul sur "Eyes Of Love".

2/ AURRA "A little love" (1982/1992) : encore un mix parfait de Steve "silk" Hurley réalisé à l'occasion du 20 anniversaire du label new-yorkais Salsoul.

3/ LOLEATTA HOLLOWAY "Love sensation" (1983) : justement voici un fleuron archi-pillé du label des frères Cayre. A peine écouté le premier couplet et déjà 20 tubes du début des années 90 vous viennent à l'esprit !

4/ DEBARGE "Rhythm of the night" (1985) : la famille DeBarge est l'une des grandes réussites du label Motown dans les années 80. "Rhythm of the night" représente le titre festif parfait dans la lignée du "All night long" de Lionel Richie ou du "The rhythm's gonna get you" de Miami Sound Machine.
La première moitié de cette décennie fut marquée par un grand élan d'optimisme. "Rhythm of the night" est l'un des ultimes hits d'une black music radieuse avant qu'une acid-house et une techno cyniques et désenchantées finissent par s'imposer.

Après le succès de ce single, le chanteur El DeBarge quittera le groupe pour une carrière solo ponctuée de hits comme "Who's Johnny?" et les ballades imparables "Love always" et "Someone".
Jusqu'en 1994, cinq albums au compteur, certifiés disques d'or ou de platines sur le marché U.S., mais chez nous en Europe, une lente descente vers l'oubli comme pratiquement toutes ces stars ricaines des années 80. Des affaires de drogue finiront par conduire El Debarge en prison.

Je vois que l'on tente de ressusciter Earth, Wind & Fire avec des éléments de substitution. Pas sûr que la mayonnaise prenne chez les aficionados de la 1ère heure.

5/ D-TRAIN "Keep on" (1982) : énorme production passée entre les doigts experts de François Kevorkian.
Ce duo basé à Brooklyn offrit au label Prelude Records d'autres tubes historiques comme :
  •  "You're the one for me" (1981)
  • "Music" (1983)
et dans une moindre mesure :
  • "Walk on by", une reprise de Burt Bacharach (1982)
  • "Keep giving me love" (1983)
Après la dissolution du groupe en 1985, le chanteur James "D. Train" Williams entreprit une carrière solo que seul le marché local sut apprécier, l'Europe étant déjà passée à autre chose.

6/ WAS (NOT WAS) "Tell me that i'm dreaming" (1981) : après la Souped-Up Version, un autre mix de ce brûlot dirigé contre l'administration Reagan de l'époque. Dans notre banlieue cossue du Val de Marne, nous dansions sur ce titre sans se soucier (ou se douter) de l'aspect éminemment politique du titre.
Dans les années 70 en France, on avait sans doute aussi dansé sur "Papa was a rolling stone", "Law of the land" des Temptations, "Smiling faces sometimes" des Undisputed Truth ou "War" de Edwyn Starr sans prêter garde au message.

7/ ON THE ONE "Who's really bad" (1987) : ça tombe bien, 2012 est l'année du 25e anniversaire de la sortie de l'album "Bad" de Michael Jackson. Ce titre house assez rare a pioché aussi sans doute dans les dialogues de la version longue du clip. J'ai même rajouté un "Come on, let's go!" qu'utilisait RLP.

8/ CORINA "Temptation" (1991) : un titre un peu bordélique qui emprunte un plan d'orgue Hammond au "Gypsy Woman" de Crystal Waters, un tube improbable de la même année.
Les pistes finissent par se superposer pour un résultat peu harmonieux.

9/ CLOSER THAN CLOSE "You got a hold on me" (1992) : du bon Joey Negro justement dans la veine de son remix de "Gypsy woman". L'original est très acid jazz.

10/ CHANELLE "One man" (1989) : avec "Respect" d'Adeva, l'un des premiers hits du style New Jersey garage mixé ici par Knuckles & Morales.

11/ MICHAEL JACKSON "Remember the time" (1992) : symbole d'une année 1992 flamboyante (peut-être la plus riche de la décennie) avec ce somptueux remix uptempo réalisé par un E-Smoove à son apogée.

vendredi 14 septembre 2012

N° 161 : Skydance Hot Grooves 80's (Jody Watley, Soul II Soul, Karyn White...)


Set non disponible

Pour entamer la rentrée, un set comme une madeleine de Proust pour ceux qui écoutaient le Skydance à la fin des années 80.
Parallèlement aux hits house qui étaient le socle de l'émission, RLP distillait quelques pépites hip-hop et swing beat, lui qui avait été bercé dans le disco et le funk des 10 Glorieuses (1974-1984).

1/ CAMELOT II "Happy" (1987) : J'avais cru au début qu'il s'agissait d'un nouveau titre du Sugarhill Gang. L'ambiance me rappelait étrangement "The lover in you", en plus mielleux. Il s'agissait en fait d'une adaptation d'un titre de l'année précédente sorti par le groupe Surface et auquel une partie rappée a été ajoutée.

2/ WOMACK & WOMACK "MPB" (1988) : j'avais beaucoup apprécié leur titre "Love Wars" sorti en 1983.
"MPB" (Missing Persons Bureau) est extrait de l'album "Conscience" qui contient les hits "Teardrops" (qui passait sur les réseaux FM) et "Celebrate the world".
Frankie Knuckles réalisera un intéressant remix l'année suivante.

3/ et 4/ SOUL II SOUL "Jazzie's Groove" et "Get a life" (1990) : C'est en pleine folie techno-rave que surgit ce groupe hors du temps.
Je me rappelle avoir entendu le tube "Keep on movin'" un soir chez USA Imports, rue de la Clef, à Lille. Que venait faire ce titre au milieu d'un concert de bleeps et de riffs agressifs habituellement assénés par le fameux disquaire de ce bastion techno ? Sans doute peu d'acquéreurs à l'époque car comment le placer en soirée ?
A l'écoute de leur premier album "Club Classics Vol.1", écrin somptueux qui regorge de véritables violons (Reggae Philharmonic Orchestra), j'ai cru passagèrement à un revival d'une authentique musique black, mais Soul II Soul restera un phénomène unique qui ne durera que l'espace de deux ans avant de tomber doucement dans l'oubli.
A l'origine un collectif comme il en existe dans le jazz, Soul II Soul ne parvint jamais à s'imposer en tant que groupe, les chanteuses successives quittant le navire pour des carrière solo, ce qui est une erreur fatale d'un point de vue marketing lorsque l'on veut forger cette précieuse identité dont à besoin le grand public pour adhérer.

5/ JODY WATLEY with Eric B. & Rakim "Friends" (1989) : du swing beat comme en raffolait RLP.
"Friends" est produit par André Cymone, ex-bassiste de Prince et à l'époque, mari de la chanteuse.

6/ PEBBLES "Giving you the benefit" (1990) : fabuleux titre produit par le duo L.A. Reid & Babyface. Je vous avais déjà joué les deux tubes produits par Louil Silas Jr., "Mercedes Boy" (plutôt freestyle) et "Take your time".
Swing beat, New Jack, freestyle...vivement que ces styles soient remis au goût du jour...on peut toujours rêver.

7/ MADONNA "Who's that girl" (1987) : autant le film était un navet de première, autant les titres de Madonna qui en composaient la bande-son ("Who's that girl" et "Causing a commotion") étaient de bonne facture.
Pas encore de Shep Pettibone à la réalisation mais un duo de producteurs de premier choix, Steve Thompson et Michael Barbiero auteurs de mixes épiques comme :
  • "Shout" de Tears for Fears
  • "Imagination" de Belouis Some
  • "Money's too tight" de Simply Red
  • "Who's zoomin' who?" d'Aretha Franklin
  • "No promises" d'Icehouse
8/ BARBARA PENNINGTON "On a crowded street" (1985) : enfin la très rare version remixée par John Morales, celle que je jouais au Patch Club (aujourd'hui devenu "La Table des Cigalines" sur les quais de La Varenne - 94-, pour ceux qui veulent s'imaginer ce que fut ce petit "Studio 54") !
Après la série de slows, c'était la ruée sur une piste encore plongée dans la pénombre dès que je lançais l’accapella de l'intro.
Et merci à Stéphane pour le mp3.

9/ ERROL BROWN "Body rockin'" (1988) : L' ex-chanteur du groupe Hot Chocolate ("You sexy thing" - 1975) prend par moments des intonations à la David Bowie, vous ne trouvez pas ?

10/ KARYN WHITE "The way you love me" (1988) : doté d'un groove remarquable, sans doute l'un des plus grands disques de New Jack.
L'Ultimix présenté ici est réalisé par un studio de production basé en Caroline du Nord (USA). Cela fait 25 ans que ses équipes de remixeurs réalisent des edits des versions originales en incluant des breaks étendus.

11/ RITA MITSOUKO "Andy" (1987) : le remix est réalisé par un membre de l'"équipe princière", Jesse Johnson, ex-guitariste du groupe The Time (amateurs du Minneapolis Sound, procurez-vous l'album éponyme datant de 1981).

12/ PRINCE "Hot thing" (1987) : le "Kid" conclut ce set avec ce titre très suggestif peu connu du grand public. Il est extrait du mémorable double album "Signs Of The Times".