vendredi 25 mai 2012

Zero setting


J'ai dû stopper ma collaboration avec Cutmaster.
Son indisponibilité depuis plusieurs mois a eu raison de cette association dans laquelle j'avais fondé beaucoup d'espoir.
Il est souvent impossible de concilier un emploi à plein temps et une activité de producteur.

Accéder à la reconnaissance du marché avec des titres populaires demande beaucoup de sacrifices personnels et une implication quasi-quotidienne, que ce soit dans le simple fait de composer quelques notes d'une mélodie, de rechercher des talents sur le web ou de réfléchir à une thématique de chanson originale.

Véritable chef d'entreprise (en ce qui me concerne, une SAS), le producteur passe la moitié de son temps au téléphone ou sur le web pour les besoins du business (sourcing, négociations, contrats).
Homme de marketing, il doit être à l'écoute permanente des tendances et se montrer totalement réactif.
"Rien ne va plus vite que la musique" nous avait confié l'acheteur pressé de l'une de nos boîtes à rythmes (une Roland TR-909) en 1996. Une formule qui colle parfaitement à la réalité.
Cependant, comme le faisait remarquer Steve Jobs, « le consommateur ne sait pas ce qu’il veux tant qu’il n’a pas vu le produit » donc il ne s'agit pas non plus de se satisfaire de copier les styles du moment. Une pointe d'avant-gardisme et une prise de risque minimum dans les arrangements peuvent s'avérer payantes.

Face à l'échec de la signature du premier single et alors que les échéances financières approchent dangereusement, j'ai donc dû repenser totalement ma stratégie en recherchant de nouvelles collaborations (producteurs, remixeurs, auteurs, musiciens, chanteurs, éditeurs....) depuis la mi-mars.

5 projets sont désormais en chantier :

  • un remix plus "électro" du premier single réalisé avec la chanteuse anglaise Nickita. En cas d'échec, switch sur la production du 2e single.
  • un titre trance en anglais style Basto/Avicii (donc totalement déstructuré et très instrumental) dont la réalisation a été confiée à un jeune arrangeur électro français.
  • un titre mi-électro mi-dubstep en français, avec des concessions commerciales maximum. Je n'ai pas encore choisi la thématique, mais je pense qu'on ne sera pas loin de l'esprit "PUSSY" de 1995. Je ne pense pas que j'en ferai la promo sur ce blog.
    L'argument des quotas français pour augmenter ses chances de signature s'est révélé être une vaste fumisterie, mais je persiste quand même compte tenu des titres assez lamentables que j'entend sur les radios. 
  • un titre pop-rock style Jessie J chanté également en français. Il me semble que cette variété uptempo n'est pas légion sur le marché et que ce créneau est porteur (à condition que les labels ne raisonnent pas exclusivement en termes d'"artistes avec album" car je n'ai pas encore la structure pour signer une chanteuse en exclusivité).
  • un titre house-gospel style "Freemasons" dont je tarde à trouver l'interprète américaine qui pourra le porter. C'est mon projet le plus artistique. La soulful house est presque totalement ignorée par les producteurs français et pourtant, bien des amis à qui je fais découvrir mes sélections en vouent la qualité et regrettent qu'aucun média ne programme ce style.
Cela fait beaucoup de chantiers en cours, mais c'est la seule solution pour rattraper le temps perdu.
L'un de ces projets devra impérativement aboutir avant l'été. Toutes les forces sont mobilisées 7j/7 pour y parvenir. Sans succès notable dans les 3 mois qui viennent, je crains que l'aventure ne puisse continuer à un rythme soutenu.


Parlons rapidement de ce set. Vous comprendrez que mes préoccupations actuelles ont accaparé le temps que j'aurais dû consacrer à la tenue régulière de ce blog.

Il démarre par "Zulu vibes" de SUN AFRICA, l'un de ces titres dont Pascal Henninot et moi-même étions fiers à l'époque de sa réalisation, en 1997.
Se basant sur des samples zoulous, nous avions construit un mix tribal-house à l'intro originale et au break percussif très inspiré par Ralphi Rosario (je vous avais présenté une version plus deep en novembre 2009).
Malheureusement, la personne à qui nous avions confié la charge de trouver une signature et de réaliser la promo se montra incapable de mener à bien sa mission. Sans doute n'avait-elle pas la fibre et les connexions suffisantes pour convaincre.
Ce fut le dernier titre que nous produisîmes réellement ensemble. Sa sortie aurait sans doute permis la reconnaissance définitive du milieu underground. Et dire que nous avions été les premiers français à charter de la garage-house underground avec SHANNA en 1993 (sans oublier le remix club de Jordy, totalement dans l'esprit Chicago house de Steve "Silk" Hurley).

Fort logiquement, le set se poursuit avec le détonant remix du classique disco "Hot Shot" de KAREN YOUNG par Ralphi Rosario.

Plongée dans la tribal house avec SABRINA JOHNSTON ("Friendship") et COPYRIGHT qui nous gratifie d'une excellente reprise de "Story of my life" de Hidden Agenda (1994). Aux vocaux, la chanteuse Imaani, également présente sur leur single "Wizeman".

Le reste du mix préserve l'ambiance festive (afrobeat-samba-disco) et bifurque même sur la happy house sur la fin.
A noter le prodigieux mix de "Can't hide love" de EARTH WIND & FIRE par Masters At Work, qui réalisent l'exploit de timestretcher les voix (ici en les ralentissant) sans trop les déformer et de recréer un groove house au tempo acceptable de 128 bpm (l'original est à 76 bpm et devrait donc théoriquement être joué à 152 bpm avec une rythmique club !).