vendredi 24 décembre 2010

N° 91 : Ultimate House Anthems (Hurley's classics, Xpansions, Underground Resistance...)

Set non disponible

Ainsi s'achève une décennie qui n'aura pas été frappée du sceau de la splendeur.

Abstraction faite de tous les drames qui l'ont marquée, son bilan musical n'est guère reluisant.

Sur le déclin car méprisée par les médias, la musique club et notamment la house music, sa cheville ouvrière, se sont vues regroupées sous l'appellation générique de "musiques électroniques" afin de tenir dans un seul rayon dans les grands magasins culturels, véritable fourre-tout qui déroute encore un peu plus les consommateurs.
Dieu sait pourtant que les sous-genres se sont multipliés et qu'il aurait été du devoir des disquaires de bien différencier les divers courants.

Concernant l'esprit originel de la house, c'est le Fort Chabrol d'une poignée de producteurs.
Heureusement, quelques "grands" portent encore l'étendard et leurs disciples émergent peu à peu.

En effet, ce sont les DJ's, souvent starisés, qui ont totalement éclipsé les artistes (accessoirement DJ's) dotés d'une réelle sensibilité musicale en inondant le marché de titres aux mélodies souvent simplistes et aux arrangements d'une pauvreté indicible.
Le but avoué par beaucoup est aujourd'hui de réaliser un tube et de profiter de cette notoriété pour tourner en club, vivant sur ce maigre acquis.

Les DJ's américains historiques comme Frankie Knuckles ou David Morales ont d'abord été des résidents reconnus dans leur fiefs avant de se voir proposer des tournées à travers le monde. C'est au mérite qu'ils ont acquis ce privilège.

D'autre part, alors que nous croulions sous les tubes dans les années 1988-1998, on traque aujourd'hui désespérément le titre qui vous embarquera à la première écoute.
Ce sont des dizaines d'heures d'écoute sur Traxsource, Decks ou bien sur les sites de podcasts que je dois réaliser chaque semaine pour découvrir quelques joyaux.

Ainsi, depuis le début de ce siècle, j'ai dû diversifier mes goûts, me tournant vers la variété française, la lounge, la pop-folk, la nu soul et le nu jazz afin de palier les insuffisances de cette musique fondatrice de ma culture.

Bien plus qu'une inspiration valétudinaire, je pense que l'interdiction des samples ou les épuisantes formalités juridiques afin d'obtenir l'autorisation de les utiliser ont grandement affecté le côté magique et spontané de la house music alors que ces mêmes samples furent à l'origine de son avènement.
Dernière preuve en date, l'ultime tube house de la décennie, le totalement fédérateur "Barbra Streisand" de DUCK SAUCE, est basé sur un sample de Boney M ("Gotta go home").


La house de qualité (souvent appelée "soulful house") existe pourtant bien, tout comme la progressive house, nouvelle appellation de la dance music, mais tels des orpailleurs, il faudra creuser pour dénicher ces pépites car les médias ne vous les livreront pas sur un plateau, le rock, le R'n'B et le rap français de bas étage ainsi que les "nanars" des années 80 encombrant les ondes et les chaînes de télé depuis bien longtemps.

Je crois que la house fut et restera une musique de marginaux, de doux rêveurs et d'alchimistes sans réel message et que c'est cela qui dérange. Les bidouilleurs de Detroit n'ont jamais convaincu l'Amérique.
Un mouvement culturel qui n'est dépositaire d'aucune cause, d'aucun combat, n'a pas voix au chapitre en France, pays des Droits de l'Homme qui se vante constamment d'avoir fait sa Révolution.

Nous prenons donc acte de ce choix arbitraire et retournons dans nos athanors respectifs pour échanger et transmettre nos émotions entre membres de la coterie.

Après tout, la marginalité est peut-être le gardien de l'authenticité.
Le disco est mort de sa démocratisation à outrance. Alors vivons heureux, vivons dans l'ombre.


Voici un set qui donne la part du roi à la house de Chicago, le mouvement musical qui donna l'impulsion avant que la techno existe.

1/ CE CE PENISTON "We got a love thang" (Silky House Thang) : assurément dans le Top 5 des remixes de Steve "Silk" Hurley !
Découverte alors qu'elle assurait des chœurs pour l'artiste Overweight Pooch ("I like it") et signée illico sur A&M Records, la Miss Black Arizona a pu s'offrir les services des maestros house comme Masters At Work et David Morales.
"We got a love thang" atteignit le 1ère place du US Dance Chart en février 1992.
On retrouve dans les chœurs Kim Sims, artiste produite par Steve Hurley.

2/ WAS (NOT WAS) feat. Kim Basinger "Shake your head" : tube emblématique de la Skyrock Max Party, le titre ne brilla pourtant pas en club malgré son refrain "happy" et l'excellent remix d'un Steve Silk Hurley décidément peu à l'honneur dans ce pays.
A noter en face B du maxi, un fantastique mix de "Listen like thieves" (reprise de INXS) par Danny Tenaglia.

3/ JAMIE PRINCIPLE "You're all i've waited for" : c'est en 1985 que Jamie Principle alias Byron Walton participe à la naissance de la house music avec le très "Bowie-style" "Your love", un titre supporté par son ami Frankie Knuckles, DJ du club Warehouse de Chicago, qui le mixait en superposant le fameux discours de Martin Luther King, "I have a dream".
En 1990, THE SOURCE reprendra d'ailleurs le gimmick de synthé pour un bootleg de "You got the love" de CANDI STATON.

"Baby wants to ride" fut un autre succès dans le registre acid-house.

Au début des années 90, sa collaboration avec Steve Hurley sera fructifiée par "Hot Body" (déjà présenté) et ce "You're all i waited for".

4/ JAMIE LORING "Love or infatuation" : dans le cadre de leur collaboration, Hurley et Principle produiront cette artiste dont ce single fut le seul titre remarquable, remixé ici par E-Smoove.

5/ MONIE LOVE "Born 2 B.R.E.E.D." : J'avais découvert Monie Love dans le Skydance avec "I can do this" (1988) puis le monumental "Grandpa's Party" (1989).
Son tube mainstream reste "It's a shame" (reprise des Detroit Spinners) en 1990, largement joué sur Skyrock.
"Born 2 B.R.E.E.D." est produit par Prince et excelle dans toutes ses versions, notamment le Born To Funk 12" Mix.

6/ HAPPY MONDAYS "Stinkin thinkin" : entendu dans le set de Maurice Joshua sur Skyrock !
Originaire de Manchester, le groupe Happy Mondays délivra une pop déjantée qui cristallisait des influences aussi diverses que la house ou le rock psychédélique des années 60.
Ce remix est réalisé par Farley & Heller à qui l'on doit le mémorable "Ultra Flava".

7/ THE S.O.U.L. S.Y.S.T.EM. "It's gonna be a lovely day" : cette reprise du tube de BILL WITHERS "Lovely day" (1977) est malmené de manière frénétique dans ce remix cultissime de Clivillés & Cole.
Tous les ingrédients d'une house rageuse sont réunis pour le bonheur des pieds et des oreilles dans ce Palladium House Mix I. Le double pack est de toute façon d'une urgence absolue.
La chanteuse est Michelle Visage, ex-membre du trio SEDUCTION qu'avait produit Clivillés et Cole à la fin des années 80.
On peut également l'entendre dans un style plus soft dans "Crash" de TKA (déjà présenté sur ce blog).

8/ LISA LISA & CULT JAM "Let the beat hit 'em" : en 1991, alors réalisateur de l'émission Top Dance, j'avais proposé à RLP de présenter ce maxi en nouveauté import.
Je lui proposais d'ailleurs chaque semaine une sélection de maxis que je me procurais au magasin Champs-Disques à Paris.
Il avait opté pour la version hip-hop (Brand New Super Pumped Up C&C Vocal Club Mix) qui le dispute en qualité à ces remixes house dont le gimmick vocal suit les pas du "Gypsy Woman" de Crystal Waters.
C'est l'un des nombreux disques imports que Skyrock a été la première radio nationale à présenter en access prime-time, contribuant largement à la popularisation de la house en France.
Merci à Tonton Pierre (Bellanger) pour la précieuse liberté qu'il a accordée à ses animateurs du week-end.

9/ SUZANNE VEGA "Blood makes noise" : un maxi plutôt rare et une version house "supervisée" par Clivillés & Cole. Je suppose que, débordés, ils ont laissé le soin à l'un de leurs ingénieurs du son d'honorer la commande du label A&M car une artiste du calibre de Suzanne Vega, ça ne se refuse pas.
Un son brut et sec, des arrangements simples et efficaces, des samples de cuivres piqués sur "Strike it up" de BLACKBOX ... de la pure house underground.

10/ UNDERGROUND RESISTANCE "Living for the night" : Mad Mike Banks et sa bande délivre un brûlot rave underground avec DAVINA ("Don't you want it") aux vocaux.

11/ XPANSIONS "Move your body" : escale chez les Grands-Bretons avec l'un des hymnes des rave parties.
Il fut brièvement classé dans le Skyrock Top Dance sans pourtant convaincre les clubbers.
Le sample de voix répété en boucle ensorcelle pourtant le corps et l'esprit.
Ce Club Mix est le chef d'œuvre du producteur Richie Malone dont c'est le seul tube notoire.

12/ THE BREAK BOYS "My house is your house" : j'avais découvert le new-yorkais Frankie Bones en 1989 par ses séries de grooves techno, les "Bonesbreaks".
Au début de la décennie 90, le Royaume-Uni et ses raves parties lui firent les yeux doux et sa popularité grandit en conséquence.

Le sample est extrait du House-A-Pella de "My house" de NELSON "FFWD" CRUZ sorti en 1989 sur Minimal Records, le label d'Arthur Baker.
C'est un production de Tommy Musto qui fut un disciple de la techno avant d'être pacifié par la grâce du New Jersey garage.

13/ CAMEO "Money" : l'un des plus anciens groupes de funk se fait furiusement technoïser par le pionnier de Detroit, Kevin Saunderson.
Ce Reese Revamp Mix porte bien son nom puisque le verbe "revamp" signifie "remodeler" ou "réamenager", ce dont l'original avait grandement besoin !
La loop provient de "N.T." de KOOL & THE GANG mais le sample de voix enragé reste inconnu, sans doute pompé sur quelque disque de heavy metal. On l'entendra à nouveau sur "Disco Flash Mix" de THE DISCO FREAKS.
Quand à l'effet delay placé sur le gimmick de synthé, il impose une syncope hallucinogène. Le gimmick fut entièrement repris sur "Velocity funk" de E-Dancer (autre pseudo de Saunderson) en 1997.

14/ UNITY "Unity" : un disque merveilleux et énigmatique, mené à un train d'enfer et qui marche sur les traces du gimmick d'orgue de "Gypsy Woman".

Christmas set : Skyrock/Maxximum Golden Years (1987-92)

Set non disponible

Mon cadeau de Noël... un set pour les nostalgiques d'une époque où tout était possible, tout était fou.
Skyrock diffusait des ultrasons sous la musique pour faire fuir les moustiques, Maxximum diffusait des soirées en live du Boy.
Les radios FM étaient devenues matures, structurées et rentables, mais aucune contingence commerciale ne venait encore troubler la fête.

Les animateurs parlaient leur langage et pas celui qu'on leur avait appris dans des écoles.
A la liberté de ton s'ajoutait la magnificence du traitement de son FM, celui qui rendait étincelant chaque disque diffusé, transformant parfois le plomb en or.

Et que dire de l'avènement d'une house certes devenue mainstream, mais enfin pourvoyeuse de tubes à outrance.
Dans la surenchère, Anglais, Américains et Italiens se tiraient la bourre alors que les Français émergeaient timidement.

En 1989, j'avais posé candidature auprès de 3 radios : Fun Radio, Maxximum et Skyrock.
Mes amis, souvent "bons conseillers", m'avaient pourtant découragé de tenter d'entrer dans ce monde. "Tu n'y arriveras jamais, laisse tomber", me répétait t-on comme une antienne.
Heureusement que ne me fie qu'à mes propres convictions.

Seul le directeur d'antenne de Skyrock m'a reçu et donné ma chance.
Maxximum ne m'a rien proposé, mais grâce à Fred Riester, l'un des animateurs de l'époque, j'ai pu réaliser mon premier remix (ABYALE - "i wanna be your lover too") et débuter dans la carrière, rencontrant d'ailleurs mon associé sur le projet.

Voici un nouveau set-hommage consacré à ces "années folles".

Bon réveillon de Noël à toutes et à tous.


THE 28TH STREET CREW "Sex on the dancefloor" - 1989
ONE WORD "We've gotta find love" (Blow Remix) - 1989 (Maxximum Hit)
S-EXPRESS "Nothing to loose" (12") - 1990
ROZLYNE CLARKE "Eddy steady go" (Hit Version) - 1990 (Top Dance Hit)
JOY "I'm leaving" (Disco Mix) - 1989 (Maxximum Hit)
DARRYL PANDY "I love music" (Slamming Large Mix) - 1990 (Top Dance Hit)
FLIM FLAM "Shall we do it again" (DMC Remix) - 1989
TECHNOTRONIC "Techno medley" (Pettibone Mix) - 1990
BANANARAMA "I heard a rumour" (Dub Mix) - 1987
RED FOX "Teach me" (12") - 1990 (Maxximum Hit)
SABRINA "Cover model" (Extended Mix) - 1991 (Top Dance Hit)
PARIS RED "Good friend" (Commercial Club Mix) - 1991 (Top Dance Hit)
INNER CITY "Do you love what you feel" (Album Mix) - 1989 (Maxximum Hit)
ABYALE "I wanna be your lover too" (The Too Mix) - 1990 (Maxximum & Top Dance Hit)
CLUBHOUSE "Deep in my heart" (Extended) - 1990 (Top Dance Hit)
KYLIE MINOGUE "Step back in time" (Walkin Rhythm Mix) - 1990 (Skydance Classic)
THE WEE PAPA GIRL RAPPERS "Heat it up" (Acid House Remix) - 1988 (Skydance Classic)
THE 28TH STREET CREW "I need a rhythm" (Dub 1) - 1989 (Skydance Classic)
FAX YOURSELF "Sunshine '89" (Extended Mix) - 1989 (Skydance Classic)
YAZZ "Stand up for your love rights" (Yazz's Jazzy Dub) - 1988
JOE SMOOTH "Promised land" (Freestyle Mix) - 1988 (Skydance Classic)
LIL' LOUIS "Club lonely" (I'm On The Guest List Mix) - 1992 (Max Party Hit)
THE COVER GIRLS "Wishing on a star" (TNT Dub) - 1992 (Max Party Hit)

samedi 11 décembre 2010

Bonus set : First train to Trancentral (Vernon, Transwave, Voodoo People, Dash Berlin...)

Set non disponible


Cela faisait déjà de longues semaines que l'idée gambergeait : avec autant de maxis et de compilations trance accumulées, je n'avait encore consacré aucun set à ce style.

Poussé à l'acte par quelques-uns d'entre vous, je me mis à l'œuvre. J'espère que le résultat sera à la hauteur de leurs attentes.

Ce set syncrétique convoque tous les courants de la trance, style essentiellement initié par les européens à partir de 1992.
C'est en quelque sorte une techno assagie par le temps, qui ajoute des nappes mélodiques et des voix aériennes aux gimmicks hypnotiques ou acides de la première heure.

C'est justement en cette fin d'année 1992 que j'ai commencé à m'intéresser à ce style avec les compilations "Trance" du label anglais Rumours Records puis aux premières merveilles du label allemand Eye Q.
Conquérant peu à peu le public français avec quelques tubes notoires comme "Stella" de Jam & Spoon, "Café del Mar" de Energy 52, "Do you see the light" de Snap!, "Power of american natives" de Dance 2 Trance ou "Transformation" de Transform, je me tenterai en 1993 à un set spécial sur Skyrock, provoquant l'ire du directeur des programmes et l'arrêt immédiat de mes megamixes à l'antenne.

Apanage des anglais et des allemands (Orbital, Paul Oakenfold, KLF, Sven Väth, Hardfloor, Jam & Spoon...), la trance concernera peu à peu des artistes de toute l'Europe - Français compris - et même d'Israël.

La rapidité de la cadence (de 135 à 160 bpm) concoure à la mise en transe progressive du danseur. J'omettrai d'évoquer tout artifice destiné à faciliter un état second dans la mesure où cela n'est pas une condition sine qua non pour celui qui ressent la musique pour ce qu'elle est.

Qu'elle s'appelle progressive house (la plus lente), acid trance (la plus agressive), melodic trance (généralement pourvue de refrains) ou trance goa (qui utilise la gamme mélodique de la musique hindoue), la trance est la musique des sorciers du son.

Tous ces titres datent des années 90 à une exception près, DASH BERLIN, merveille que m'a fait découvrir Cutmaster.
La voix magique et suave de ce "Never cry again" provient pourtant d'un CD de samples : Zero-G Vocal Foundry.

La playliste honore les pays les plus représentatifs de ce style :

ESKIMOS & EGYPT "Fall from grace" (Free Me Mix) - UK (1992)
UNITY 3 "Age of love suite" (Neverending Voice Remix) - Italy (1993)
ESKIMOS & EGYPT "UK-USA" (Cheetham Hill) - UK (1993)
HUMATE "Love stimulation" - Germany (1993)
VERNON "Vernon's wonderland" (Original Mix) - Germany (1993)
DANCE 2 TRANCE "Power of american natives" (Jam & Spoon Remix) - Germany (1992)
GRACE "If i could fly" (Dudearella Dub Mix) - U.K. (1996)
TRANSWAVE "Land of freedom" (Remix) - France (1996)
DASH BERLIN "Never cry again" (Jorn van Deynhoven Remix) - Netherlands (2010)
VOODOO PEOPLE "Quadsep" - U.K. (1995)
HYPER PEARL "Can you feel the pain" (Hyper Pearl Version) - Belgium (1995)


La semaine prochaine, le Christmas Set consacré aux meilleures années Skyrock/Maxximum.

vendredi 10 décembre 2010

N° 90 : London vs. Chicago (Steve Hurley & Joey Negro definitive masterpieces, Hustlers Convention, Watanabe...)

Set non disponible

Je viens de recevoir un ouvrage qui s'annonce passionnant : "The record players-DJ Revolutionaries".
Sur plus de 450 pages, il compile des interviews de DJ's historiques réalisées sur les 15 dernières années et recèle à coup sûr une mine d'informations précieuses recueillies auprès de stars, de l'avant-gardiste Nicky Siano au christique Tiesto en passant par mes maîtres à mixer que sont David Morales, Louie Vega, Tom Moulton ou David Mancuso.

Pour les plus anglophones d'entre vous, ce serait un beau cadeau de Noël. Le livre n'est sorti qu'au Royaume-Uni et ne sera disponible en France et aux USA qu'en avril 2011 !

Je vous en dirai plus sur les anecdotes croustillantes qui ne manqueront pas de jaillir au fil des lignes et sur les secrets de mixage des uns et des autres.

Incité par quelques-uns d'entre vous, je vous annonce également que j'ai succombé à l'idée de réaliser un set trance, risquant par la même occasion de devenir un hérétique aux yeux des puristes.
J'ai pris un certain plaisir à mixer cette sélection anglo-germanique sur mon Traktor en mutipliant les enchaînements interminables grâce aux fameuses loops programmables et aux effets delay calculés automatiquement.

Je pense délivrer ce set la semaine prochaine avant le Monster Vintage Mix (117 minutes) dédié essentiellement au Skyrock des années dorées (1988-1992) et à Maxximum et qui sera diffusé en guise de cadeau de Noël, espérant faire atteindre le Walhalla aux mêmes puristes.


De Skyrock il s'agit déjà en ce début de set avec quelques classiques de mon Top Dance Megamix.

Deux chefs d'œuvre de Steve Hurley avec BLACK BOX "I don't know anybody else" et DSK "What would we do".

Plutôt axée sur l'italo-dance pure et dure, Airplay n'avait pas commercialisé pour la France ce mix de BLACK BOX et je m'étais délecté à le jouer en exclu dans la Max Party.
De même, le divin Hurley's House Mix de "What would we do" de DSK avait été ignoré par Barclay qui n'avait proposé que son Extended Mix.

EX-GIRLFRIEND "You (You're the one for me)" est aussi une exclu Top Dance, un titre méconnu de la discographie de Joey Negro que j'ai pu jouer... à ma guise.
Je remercie encore le directeur des programmes de Skyrock de m'avoir laissé carte blanche sur la programmation et de m'avoir ainsi permis de redonner ses lettres de noblesse à la house alors que l'émission partait un peu à vau-l'eau, RLP ayant lâché les rênes de ce nouveau concept au format bien trop commercial.

KYM SIMS "A little bit more" est un maxi essentiel dans lequel les mixes de Steve Hurley le disputent en qualité avec ceux de Joey Negro dont je vous propose ici le Rhythm Supply Mix.
Kym Sims est produite par Steve Hurley et son album tubesque "Too blind to see it" sorti en 1992 contient des mélodies taillées sur mesure pour sa voix.

Lorsque l'on est producteur, soit l'on part en quête de la voix qui collera exactement à la mélodie et au style envisagé, soit l'on s'adapte à une tessiture et une originalité et l'on bâtit autour. Les deux stratégies se valent et débouchent généralement sur le résultat escompté.

M.C. RED "Why don't you love me" (Underflute) est l'un des mixes du maxi qui ouvrait le set de Laurent Garnier dans la Max Party. Une fulgurance de ce DJ plutôt habitué à des sonorités techno.
Ce disque italien très rare est l'un des happy few que je peux réécouter à l'envie même 20 ans après. Ça ne s'explique pas, ça se déguste.

ODORU "Watanabe" est une tuerie incluse dans le set culte de Maurice Joshua sur Skyrock.
Comment ce maxi de happy house made in Chicago et sorti sur Vibe Records a t-il pu échapper à mes griffes acérées en 1992 ?

Merci à Dimitri pour m'avoir fait découvrir "Got to give it up" de JAMERSON, ce maxi du rebelle et complexe Mad Mike Banks sorti sur le label Happy Records.
Mad Mike, sorte de porte-parole de la Black Power, est le fondateur du très politique label de Detroit Underground Resistance.
Il fut capable de signer des productions plutôt mélodiques comme ce "Got to give it up" et de véritables brûlots lancés contre le pouvoir des Blancs comme le "Message to the majors" ou le "Riot E.P.".

A la toute fin des années 80, lorsque la house franchit la barrière des radios, nombre d'artistes variété-pop saisissent la balle au bond et font remixer leurs chansons par les talentueux producteurs du moment.
Côté anglais, Samantha Fox, Kylie Minogue, Bananarama ont recours aux finauds producteurs Stock-Aitken-Waterman.
Pour "One better world", le groupe de new-wave ABC ("The look of love") choisit l'option New-Jersey Garage avec Blaze. Le résultat est tonitruant et marquera l'histoire du Skydance.

THE BRAND NEW HEAVIES "Dream come true" est un all-time classic, une revisite disco d'un titre acid-jazz que seul Joey Negro pouvait réaliser, offrant même un break aux sonorités brésiliennes.

Inextinguiblement, la disco-house prend son essor durant cette décennie 90, portée par des groupes comme CHUBBY CHUNKS et surtout HUSTLERS CONVENTION (alias Full Intention), braconniers des trésors enfouis, dont on retrouve ici "Uptown". Les samples sont piqués pour le riff de guitare sur l'intro de "Turn the music up" de PLAYERS ASSOCIATION et pour les voix sur l'excellent titre de JAY W. McGEE, "When we party (Uptown, downtown)".
Le remix incorporera des samples de "Ladies night" de KOOL & THE GANG et de "Straight ahead" de NICK STRAKER BAND.

"Saturday night, sunday morning" de T-EMPO remixé par Matthew Roberts (membre de Bottom Dollar) est un élégant titre de garage anglais dont la version originale revient à Thelma Houston.
Il fallait oser transfigurer cette barcarolle calibrée pour la ménagère passant l'aspirateur.

PAULINE HENRY "Love hangover". La reprise de Joey Negro est interprétée par l'ex-chanteuse des CHIMES. Bien que de bonne facture, elle ne parvient toutefois pas à se hisser au niveau de la sulfureuse version originale de Diana Ross, mais le philosophe-musicologue André Manoukian aurait dit que "lorsqu'on s'attaque à un monument, on risque de s'y casser les dents".

En 2008, Joey Negro tentera à nouveau l'ascension de cet Everest avec Diane Charlemagne (ex-chanteuse de Urban Cookie Collective) mais le titre n'arrivera jamais à atteindre le sommet.


Et ce set s'achève avec la voix éthérée de Sophie Ellis Bextor sur le tube du géant italien SPILLER (c'est le fil rouge du clip) : "Groovejet".
Pour ceux qui ne le savaient pas encore, les samples sont empruntés à "Love is you" de CAROL WILLIAMS, un classic "Philly".

vendredi 3 décembre 2010

N° 89 : awesome 80's! (legendary beatboxes, George Duke, Delegation, Scritti Politti...)

Set non disponible

La musique noire aura effectué dans les années 80 ses mutations les plus spectaculaires.


Elle entama cette giboyeuse décennie sur des bases nouvelles après la publication le 12 juillet 1979 de l’acte de décès du disco, style usé jusqu’à la corde à force d’être galvaudé donc décrédibilisé.

Quelques semaines avant cette date symbolique de l’histoire de la musique club, Steve Dahl, DJ d’une radio rock de Chicago, avait été licencié après que ses employeurs avaient opté pour un format 100% disco.
Rapidement embauché par une radio concurrente pour animer le « morning », Steve Dahl multiplia les coups d’éclats anti-disco, dépassant l’indécence en brisant en direct un exemplaire de « The Hustle » le jour de la mort de son créateur Van McCoy.
Engagé dans une véritable croisade, il décida de « marquer le coup » de manière spectaculaire en relayant abondamment un gigantesque autodafé de disques « disco » organisé au Comiskey Park, temple du base-ball, par le fils du propriétaire de l’équipe locale, les « White Sox », alors « à la ramasse » en championnat et en panne de public.
L’événement nommé « Disco Demolition Derby » proposait à tout spectateur muni d’un vinyle disco à détruire de payer sa place à un prix dérisoire.

Dépassant toutes les prévisions de fréquentation, le match occasionna des débordements graves (feux d’artifices en tribunes, envahissement du terrain et destruction des installations), la foule sous l’emprise de l’alcool et galvanisée par le challenge se comportant telle une meute enragée.
Quant aux disques, s’ils n’avaient pas auparavant été lancés des tribunes comme des frisbees sur les joueurs de l’équipe adverse, ils finirent en miettes dans une gigantesque boîte que Steve Dahl se fit un plaisir de faire exploser au milieu du terrain à la fin du premier match.
Seule l’intervention de la police put mettre fin à l’émeute.

C’est dire l’exaspération qui caractérisa l’Amérique reaganienne pour laquelle le disco, musique gay et pervertie, devait être exterminée pour redonner à la nation la virilité dont le base-ball et le rock étaient en quelque sorte deux des symboles.

Dès la toute fin de l’année 79, les grandes formations ou artistes funk/jazz-funk des années 70 comme Kool & The Gang ou The Whispers reprennent rapidement possession du terrain laissé vacant et, se rendant plus accessibles au grand public, participeront à la naissance de ce que l’on appellera la « funky music », bientôt rejoints par d’innombrables nouveaux groupes (The Strikers, Dynasty, Skyy, The Reddings, Midnight Star…) ainsi que d'opportunistes et talentueux producteurs italiens (Change, Firefly, Advance, B, B & Q Band, Jimmy Ross…).
La multiplication des tubes est perçue comme une aubaine par les radios libres qui fleurissent en France en 1981 après la libération des ondes par Mitterrand.
Mais dès 1980, Radio 7, radio d’état, avait ouvert la voie avec l’émission culte « Destination Planète 7 ».
C’est donc sans restriction que nos jeunes radios FM comme NRJ programment des disques « import », offrant ainsi à la funky music la plus belle tribune qu’elle ait pu imaginer.
Et les clubs de voir déferler à nouveau une clientèle assoiffée de ces mélodies imparables, de riffs de guitare wah-wah et de lignes de basse échevelées.

Mais quelque chose à changé. Un élément nouveau est venu se mêler à la fête : la boîte à rythmes.
Dans un premier temps, l’oreille du DJ reste perplexe devant cette cadence métronomique qui détonne avec le swing du disco et du funk des années 70.
Utilisé à outrance sur certains disques, les puristes comme moi seront tentés de passer à autre chose.
Effectivement, à trop recourir aux synthés et à ces beatboxes, la funky music y perdra son âme et disparaîtra peu à peu au profit de l’électro (Afrika Bambaataa, Shannon et tous les artistes de break dance) et de la house music, styles qui, sous la férule de la technologie, sauront adapter leurs arrangements pour réinventer le groove dans un style hypnotique et punchy, à grands coups de bassdrums, de claps et de lourdes caisses claires.
Rangé des voitures après la mort du Patch et l'arrêt de mon activité de DJ à l'été 1985, c'est grâce au Skydance de RLP que je retrouverai goût à cette musique club en 1988.

Les beatboxes emblématiques des années 80 se nomment LINN drum et Oberheim DMX.
Vous entendrez les sonorités chaleureuses et puissantes de ces machines dans quasiment tous les titres de cette playliste.

D’excellentes démos sont audibles par ces liens dans des vidéos où les programmeurs vous feront découvrir de célèbres patterns tels ceux de « Beat the street » de Sharon Redd, « 1999 » de Prince, « The finest » de SOS Band ou « Walking on sunshine » de Rockers Revenge.
  • Linn Drum :
  • Oberheim DMX :
  • sans oublier la SIMMONS Clap Trap :


1980 : DEODATO "Night cruiser"
Eumir Deodato, producteur et claviériste spécialiste du jazz-funk commercial, n’est autre que le producteur qui a sorti Kool & The Gang de l’anonymat avec « Ladies night » l’année précédente. Suivront trois autres albums culte :
  • « Celebrate »
  • « Something special »
  • « As one »
Les spécialistes du jeu Grand Theft Auto dont je fais partie se souviendront de son titre « Super Strut » entendu dans Vice City sur Radio Espantoso et samplé par les Masters at Work pour le remix de « Erotica » de Madonna.
Les puristes de l'easy-listening se souviendront eux de « Latin flute » dont les éblouissants solos de Rhodes et de guitare électrique n'ont pas échappé à l'inspiration de Steely Dan pour « Do it again ».

1981 : DONALD BYRD AND 125TH STREET, N.Y.C. "Love has come around"
Doté d'orchestrations flamboyantes, c'est l’un des grands classiques du Palace. Imaginez ce titre joué à fond dans l'immense théâtre, subjuguant la foule en faisant sourdre la magie.

Donald Byrd est un trompettiste jazz dont la carrière à démarré en 1958 ! A son actif, des classiques comme « Black Byrd » ou « Think Twice »
Sur cet album intitulé « Love Byrd » et produit par le démiurge Isaac Hayes, figure également le merveilleux slow « I feel like lovin’ you today », incontournable de ma programmation au Patch Club.

1982 : GAYLE ADAMS "love fever" (Shep Pettibones's Mastermix)
Encore un extrait des fameuses compilations Kiss FM et encore un remix d’anthologie.

1983 : GEORGE DUKE "Reach out"
Un claviériste jazz reconverti avec succès dans le disco (« I want you for myself », « A brazilian love affair ») puis le funky avec ce « Reach out » et aussi « Shine on ».

1984 : SCRITTI POLITTI "Absolute" (Version et 12inch mix)
Un imparable tube de synth-pop anglaise produit par Green Gartside et sa bande.
Scritti Politti est l’une des oriflammes du puissant synthétiseur-échantillonneur Fairlight qu’utilisera aussi Jean-Michel Jarre.
Green a realisé un merveilleux remix de « Love of a lifetime » de Chaka Khan (déjà diffusé dans mes podcasts).

1985 : ARETHA FRANKLIN "Who's zoomin' who" (Dance Mix)
Découvert sur la piste du Palace un dimanche soir, ce maxi pêchu et dédié à la toute puissance des boîtes à rythmes est produit par Narada Michael Walden.

1985 : 6TH BOROUGH PROJECT "Stratus quo"
Le bootleg date du printemps 2010 mais reprend un sample de « Status Quo » de Donald Bank (1985).

1985 : NICOLE "Don't you want my love"
Un funk survolté et irrésistible.
La lionne Nicole McCloud fera à nouveau parler d’elle avec « Rock the house » et le remix de Steve Silk Hurley en 1989.

1986 : DELEGATION "Put a little love on me"
Un remix non identifié du fameux groupe de Birmingham. L’original figure sur l’album panthéonisé « Eau de vie » sorti en 1979 et gorgé de tubes (« Darlin’ », « You and i », « Stand up » et « Heartache #9 »).
Suivront d’autres tubes mineurs comme « In the night » et « It’s your turn ».

1986 : JANET JACKSON "The pleasure principle"
Les balbutiements de la house commerciale se font entendre et le règne de la beatbox ne fait que commencer.
Un festival de samples et de breaks signé Shep Pettibone, of course !

1987 : ALEXANDER O'NEAL "Criticize" (Remix)
Entrée de plain-pied dans une house mainstream.
Une production Jimmy Jam & Terry Lewis.

1987 : HERB ALPERT "Keep your eye on me"
Une trompette qui a fait trembler les châteaux JBL du Palace et encore une fois Jam & Lewis à la baguette.
Jazzman réputé, Herb Alpert a commis le très lounge et hypnotique « Rotation » et « Rise » qui atteint la 1ère place du Billboard en 1979.

1988 : JOHNNY KEMP "Just got paid"
Un swing beat aux limites de la house puisque produit par Teddy Riley. Bien entendu, ce fut un incontournable du Skyrock Skydance.

1989 : BABYFACE "It's no crime"
Excellent crooner, Babyface sera surtout impliqué dans la composition et la production d’autres artistes dans le style « mainstream » cher à la West Coast.
Avec son acolyte L.A. Reid, on le retrouve sur « Rock Steady » des WHISPERS (le dernier bon titre du groupe), « Don’t be cruel » de BOBBY BROWN.
Il produira des ballades pour des divas comme Whitney HoustonI’m your baby tonight », « Queen of the night »), Toni Braxton Breathe again »), et Mariah Carey ( « When you believe » en duo avec W. Houston) ainsi que pour les BOYS II MENI’ll make love to you »). Inévitablement, Madonna a fait appel à ses services sur l’excellent « Take a bow ».