vendredi 26 novembre 2010

N° 88 : Detroit-Miami (Motor City Drum Ensemble, Office Gossip, Liberty City, Phonic Funk...)

Set non disponible


Detroit, Miami, deux bastions de l’underground.

D’un côté, Detroit la maudite, berceau de la techno, de l’autre, Miami la soleilleuse dont la plage infinie, ses hôtels rococo, ses îles-résidences érigées comme des forteresses sont les clichés qui cachent une ville au taux de criminalité record.

Miami Beach flambe en accueillant chaque année des DJ’s du monde entier pour la Winter Music Conference.
Detroit se meurt, une "Motor City" en déshérence où Obama vient de se prendre une gamelle aux élections du Mid Term.

Au milieu des années 80, Juan Atkins, Kevin Saunderson et Derrick May, la "triplette de Belleville" (banlieue de Detroit) y réinventent la house music en la métamorphosant en champ d’expérimentations.
D’Amsterdam à Berlin, l’Europe anglo-saxonne tombe sous le charme. La France aussi.

Et pourtant c’est d’Europe qu’est venue l’inspiration pour nos trois compères, thuriféraires des pionniers de l’électro, les allemands Kraftwerk.

Bien qu’influencée par la house de Chicago, la techno de Detroit domptera les boites à rythmes, construisant peu à peu son identité.
Anecdote significative, Derrick May vendra sa Roland TR-909 à Frankie Knuckles. Sans doute un tournant dans l’approche musicale du DJ star de la "windy tow".

Le mot "techno" apparait pour la première fois en 1988 sur la compilation anglaise "Techno ! : the new dance sound of Detroit".
Dénomination adoptée définitivement par l’Europe, c’est le concept INNER CITY développé par Kevin Saunderson qui récoltera les fruits de cette aubaine marketing en réalisant la fusion entre commercial et underground.

Par la suite, Carl Craig deviendra en quelque sorte le navire-amiral de la créativité qui caractérise les artistes de Detroit.

Aujourd’hui, de nombreux producteurs, parfois par leur pseudos, se revendiquent du mouvement musical né dans la Motor City et leurs disques sont estampillés du vocable "Detroit-house" qui symbolise l’omnipotence des synthés et des boites à rythmes, une création qui s’éloigne des contingences commerciales et la volonté délibérée de rester dans l’ombre, démarche qui a été pourtant fatale à la techno en son fief historique.


A l’autre bout du continent, Miami "la latino" a inventé ses propres codes à travers la Miami bass ou booty music, un électro hip-hop souvent macho et vulgaire dont les artistes représentatifs sont 2 Live Crew, Whistle, J.J. Fad, Man Parrish ou Dynamix II.
Pour les aficionados du jeu Grand Theft Auto, ce style est la bande-son des concours de danse des voitures tunées avec des suspensions hydrauliques.

Originaire du sordide quartier de Liberty City, le duo Murk Boys (Oscar Gaetan et Ralph Falcon) proposera dès 1991 une alternative house qui marquera la décennie, jalonnant son parcours de 7 singles classés N°1 du Billboard's Hot Dance Music/Club Play.
Un groove plutôt lent et hypnotique dominé par la lourdeur du rythme et de la basse qui séduira notamment le label Tribal America géré par leur ami Danny Tenaglia.


La playliste reflète ainsi ces deux styles pour un set totalement underground.

MOTOR CITY DRUM ENSEMBLE démarre le bal avec "Raw cuts #6", une nouvelle pépite sortie de l’athanor de Danilo Plessow, petit génie d’une autre Motor City, Stuttgart.

En hommage au quartier dont ils sont originaires, les Murk Boys proposent le concept LIBERTY CITY décliné avec ces deux tubes :
"Some lovin'" avec le sublime dub de l’ami Danny.
"If you really love someone", autre dub carrément technoïsant.

THE FOG est un autre concept qui n’implique que Ralph Falcon et dont le one-shot est ce "Been a long time", incontournable de 1993.

Remixers très prisés (si Madonna les a convoqués pour son single "Fever", c’est un signe qui ne trompe pas), ils réalisent en 1993 un monument de la soulful house avec le remix de "Tight up" du groupe italien 50%.

MOTORCITYSOUL est un duo de producteurs originaire de Francfort, Matthias Vogt et Christian Rindermann (alias C-Rock). Le choix du pseudo du groupe n’est pas innocent et ce remix de "Cipher" par Matthias Vogt est totalement respectueux du style qu’il revendique.

Le passage le plus commercial de ce set arrive bientôt avec la voix de gamine de Helen Tilley pour ce titre d’OFFICE GOSSIP, "Into the lite".
OFFICE GOSSIP alias Nathan Boddy fait partie de mes artistes favoris. Le jeune prodige de la deep-house basé à Londres a commis "Carbon Copy EP", l’un des albums référentiels de la décennie et dont le titre éponyme franchement jubilatoire est inclus dans ce set.
Autres titres urgents du maxi : "Say it" (dont le remix de Lovebirds) et "Strangers".

Dans "Waiting game", BLM & PAWAS, producteurs originaires de Cologne, samplent la voix lymphatique de la chanteuse Escalope sur le très rock indé "Deep" de GUNNE.
Fils de musicien classique, PAWAS est un DJ d’origine indienne multi-instrumentiste (tabla, claviers, basse….). Son influence principale est évidemment Detroit.

Autre figure de la deep-house anglaise, SCHMOOV est remixé par l’allemand Manuel Tur pour "The swirl".

"Feel the soul" de PHONIC FUNK (Amsterdam) conclut en apothéose ce set.

vendredi 19 novembre 2010

N° 87 : In a Joshua style (Ce Ce Peniston mash-up, Smooth Touch, House of Gypsies, UK Garage must-have...)

Set non disponible

Le set de Maurice Joshua réalisé en 1992 dans la Max Party fait l'objet d'un véritable culte dans la communauté house française.
Je suppose même que le master mix dépourvu des jingles et du traitement de son et que j'avais offert sur mon podcast dédié à ma période Skyrock circule désormais aux Etats-Unis.

Autant on s'était franchement ennuyé sur certains sets d'autres DJ's, autant celui-ci faisait l'unanimité.
Il faut dire que la programmation était irréprochable, virevoltante et sans temps mort.

C'est donc un hommage à cette fraîcheur insufflée ce jour-là par le génie de Chicago que j'ai voulu retranscrire à travers ce set justement nommé "In a Joshua style".
Programmation nerveuse, tubes totalement underground et surtout démarrage par un habile mash-up qu'avait sorti Joshua de sa besace.

Une harmonie et un groove à l’unisson entre le dub de "Crazy love" de Ce Ce Peniston et "Keep it comin'" de C & C Music Factory, l'un des premiers grands mash-ups que j'ai entendu dans un set de DJ.

Aujourd'hui, ce type d'exercice est devenu monnaie courante et des logiciels comme Traktor permettent de programmer et mixer 4 platines simultanément dans le tempo et donc de réaliser des mash-ups fabuleux en soirée, timestretching et effets à foison étant disponibles pour sublimer le résultat.

1/ CE CE PENISTON "Crazy Love" (Kenlou House Dub) mixed with the accapella of "Keep it comin'" by C & C MUSIC FACTORY : je pense que Maurice Joshua avait fait réaliser un test pressing de cette idée. Mais n'étant pas présent dans le studio, il se peut qu'il ait été réalisé en live.
Cela me paraît improbable car l'acappella de C & C Music Factory n'étant pas au tempo, il aurait fallu un miracle pour garder le groove au 10e de seconde près sur cette rythmique ternaire, surtout avec le pitch énorme imposé à la platine.

J'ai tenté de l'optimiser en calant les voix au plus juste, l'original n'étant pas parfait.

2/ JAMIE PRINCIPLE "Hot body" : la version de Steve "Silk" Hurley déjà présentée utilisait la base musicale de "Bad girls" de DONNA SUMMER. Cette version de Maurice Joshua - d'ailleurs jouée dans son set - est plus underground tout en gardant l'esprit happy qui le caractérise.

3/ BIZARRE INC "Love in motion" : ils étaient passés par la Max Party pour un excellent set.
Proposé en double pack, ceci est leur dernier bon maxi. Même s'il contient des versions de MK, les meilleurs mixes dont cet Underground Dub très "hurleyien" (je tente un néologisme car pour qu'un mot entre dans le langage commun, il faut bien que quelqu'un se jette à l'eau) sont signés Davide Ruberto (qui a collaboré avec Ricky Montanari, lui aussi invité dans la Max Party).

4/ CRYSTAL WATERS "Makin' happy" : j'ai martelé ce titre dans mes Skyrock Top Dance Megamixes et surtout cet Hurley's Insane Mix moins commercial que l'original.
Ce follow-up est à mon avis supérieur à "Gypsy woman (She's homeless)".

En 1994, Crystal Waters sortira deux autres singles de bonne tenue, "What i need" et "100% pure love" et s'offrira en 1996 un featuring sur les remixes de "In de ghetto" de DAVID MORALES & THE BAD YARD CLUB.
On redécouvrira avec surprise sa voix nonchalante sur "Destination unknown" d'ALEX GAUDINO en 2003.

5/ LEE MARROW "I want your love" : au début des années 90, l'italien Lee Marrow a.k.a. Francesco Bontempi est un habitué des places d'honneur du classement du Top Dance.
Il a commis "To go crazy" (1990) et surtout le remix 92 de "Don't you want me", abondamment joué dans la Max Party.
"I want your love", récurrent dans mes megamixes de l'époque, est doté d'une belle mélodie remarquablement interprétée par Charme (connue aussi sous le nom d'Ann Lee) et utilise avec bonheur la loop du mix de Steve Hurley de "Hold on" de CLUBLAND.

Lee Marrow a activement participé au succès de la chanteuse Corona en réalisant des remixes sur tous ses titres.
La brésilienne aux jambes interminables reprendra d'ailleurs l'une de ses compositions, "Try me out" en 1995.

6/ SMOOTH TOUCH "House of love" : C'est un sample hargneux de Althea McQueen qui sert de base au titre.
L'original plutôt banal était interprété de manière très soft par Cynthia Seijo.
En revanche, le mix de la face B avec sa rythmique batucada était totalement envoûtant.

Ce nouveau mix du duo Morillo/Phearce ajoute encore à la couleur hard-house et assoit définitivement ce titre au rang de "all time classic".

7/HOUSE OF GYPSIES "Samba" : félicitations à celui qui indiquera d'où provient le sample vocal. Je suppose qu'il s'agit d'un obscure titre brésilien des années 60-70 récupéré chez un disquaire d'occasions. C'est la méthode que beaucoup de producteurs utilisent pour réaliser des productions avec des samples dits "improbables".
Par exemple, "Bouge de là" de Mc Solaar avait été réalisé grâce à un vieux disque de funk de Cymande acheté par le producteur Jimmy Jay aux puces de St-Ouen.

"Samba" est en tous cas un autre "all time classic" et Maurice Joshua l'avait également joué.

8/ D.M.S. "Let me tell you somethin" : un mix rare de Todd Terry qui utilise le sample de Rhodes de "Ten Percent" de DOUBLE EXPOSURE.

9/ MAW feat. Xaviera Gold "Gonna get back to you" : entendu aussi dans quelque set de la Max Party, c'est l'une des premières apparitions de Mood II Swing au remix.

10/ 24HOUR EXPERIENCE "Scatter" : le premier maxi de la série de dubs UK garage proposés au milieu des années 90 par Grant Nelson. Des vinyles absolument indispensables pour les DJ's "old school".
Discrètement on perçoit la loop de "The Pleasure Principle" de Janet Jackson et le "whiipp!" de "Walking on sunshine" de Rocker's Revenge.

11/ KATHY SLEDGE "Another star" : extraordinaire dub de Roger S où les percussions prennent progressivement le pouvoir. De la house underground de premier choix comme on en fait hélas plus. La mélodie de Stevie Wonder est complètement massacrée mais le résultat est jaculatoire.

12/ DUB MONSTERS "Deep innit" : cet intermède festif n'était que passager avant le retour du UK garage et ses obscures productions comme ce EP "Dub Monsters" dégoté chez Vibe Station, le vinyl shop du quartier Bastille, en 1997.

13/ PEARL NECKLACE "On a mission" : extrait de l'urgent E.P. "The Sound Blast 8 Tracker" sorti en 1997 et gorgé de pépites UK Garage comme "Wurly bird" de Richard Purser ou "Large" de The Essence, déjà joué dans un set précédent.

14/ REEL 2 REAL "Conway" : le dernier maxi de Reel 2 Real que j'ai acheté. Bien que le soufflé soit retombé, il reste un titre de bonne facture livré en double pack avec notamment ce remix ragga-deep de Keith Litman, qui s'était surpassé sur ses versions de "Raise your hands".

vendredi 12 novembre 2010

N° 86 : Fast & furious (unreleased Pussy single, Cappella, Yves Deruyter, God's Groove...)

Set non disponible

Je crois qu'avec le changement d'heure et la pleine lune, j'ai fait sauter le disjoncteur en m'attaquant à un set aux confins de la techno et de la trance.
Rassurez-vous, la lune n'a aucune influence sur le comportement, toutes ces croyances populaires étant véhiculées par les légendes (le loup-garou, les vampires...).
La lune influe sur les marées, c'est déjà pas si mal.

Les fidèles lecteurs pour qui "house music is a spiritual thing, a body thing" vont être un peu déroutés par ce set très énervé. Il était l'occasion de délivrer un titre inédit, le 3e single de PUSSY, et de faire découvrir l'un des flops de notre catalogue de productions, flop toujours injustifié pour le producteur qui a façonné ce qu'il pense être un bon titre.

1/ THE O.T. QUARTET "Hold that sucker down" : en 1994, Rollo Armstrong, le grand-frère de la chanteuse DIDO, entamait une saga trance-house souvent élégiaque qui allait connaître un certain succès sur nos terres.
Après cette mise en bouche sous forme de one-shot, c'est avec les deux tubes successifs de FAITHLESS "Insomnia" et "Salva Mea" (1996) que Rollo lance la mode des pizzicati (son produit à partir de cordes de violons pincées) dans les gimmicks, imité par la suite par des artistes comme LA VACHE, DJ QUICKSILVER ou NATURAL BORN GROOVES.
Dans cette saga, à noter l'excellente adaptation de "All you need is love" des BEATLES avec "Love, love, here i come" sous le pseudo de ROLLO GOES MYSTIC.

2/ QUAZAR "Unity" : un groupe de techno batave assagi après des singles "rave" comme "The seven stars" (qui avait fait le bonheur de la radio MAXXIMUM).

3/ CORONA "Baby, baby" : à l'écoute du gimmick de Quazar, l'idée jaillit dans mon esprit. Fébrilement, je partis en quête du maxi du remix de "Baby, baby" de Corona par Dancing Divaz en priant pour que les tempos et la tonalité soient identiques, mon oreille ne me trahissant généralement pas.
Ce fut le cas, ce qui m'épargna ainsi le périlleux recours au timestretching.
C'est un pur moment de jouissance "mixienne".

4/ THE LISA MARIE EXPERIENCE "Do that to me" : une hardbag anglaise qui se paye le luxe d'un adlib "à la Michael Jackson" (ou "à la Manu Dibango" si l'on se place du côté de celui qui réclamait ses droits d'auteur).
Eh oui, les musiciens contemporains n'ont pas encore l'honneur d'être déclinés en adjectifs comme Baudelaire, Kafka, Homère ou Corneille et l'on doit encore se contenter d'utiliser l'expression "à la...".
Un jour peut-être pourrons nous parler d'un "un mix knucklien ou kevorkien", qui sait ?

En tous cas, ce remix déchaîné zone entre hard-house, tribal et trance. Un grand moment de l'histoire de la culture club !

5/ CAPPELLA "U got to let the music" (Pagany Tribalism Mix) : de tribal il s'agit dans ce remix païen du hit planétaire de CAPPELLA (si le remixer ne s'appelait pas Pagany, je n'aurais pas osé !)
Le sample de voix est emprunté à J.M. Silk ("Let the music take control" - 1987).

6/ CAPPELLA "U & me" : avec mon acolyte Cutmaster, nous avions égratigné gentiment ce remix dans notre émission Hit des Clubs Skyrock revival, dénonçant la mauvaise habitude des remixers empressés d'éditer les samples de phrases pour qu'ils démarrent exactement sur la mesure...quitte à ce qu'ils gardent un fragment de syllabe du mot précédent ! (ici, cela donne "gyou and me").
En effet, lorsque l'on est soigneux, il est souvent nécessaire de placer le sample vocal de manière très fine avant le début exact de la mesure pour respecter le groove. Comme on ne peut pas quantiser à la chaîne un sample avancé de quelques dixièmes de seconde, un grand nombre de remixeurs "tranchent dans le lard" comme des charcutiers.

7/ D-MENTION "You're no good" : après plusieurs castings, Pascal Henninot et moi-même avions porté notre choix sur deux chanteuses pour débuter notre carrière dans l'eurodance.
Il y eu le concept CHERRY MOON avec d'abord le succès puis les tracas juridiques causés par la chanteuse, gâchant pour tout le monde l'opportunité d'une carrière internationale (puisque le 2e single venait d'être signé sur Sony Dance Pool Allemagne).

De manière plus discrète, il y eu D-MENTION sorti peu après sur le tout nouveau label MCA France dirigé par Christian de Tarlé, l'homme qui signa JORDY et remplit notablement les caisses de Sony Music.
La chanteuse est Sara Vahabi, une jeune et talentueuse suédoise dont nous gardons un excellent souvenir.
Plombé par une promo club défaillante, "You're no good" végéta quelques semaines, atteignant péniblement la 50e place du Top Dance, ce qui scella la fin de ce concept au grand désespoir de l'équipe.

Et pourtant, on m'en parle encore 17 ans après comme un grand disque d'eurodance à la mélodie imparable. La version mixée ici est la face B, totalement dub. La voix est bouclée et découpée dans le gate d'un compresseur dont l'ouverture est commandée par un "closed hit-hat" placé sur chaque 16ème de mesure.

A mon avis, le grand malheur de ce single est qu'il reprenait exactement la même idée de sample que "No Good" de PRODIGY. Une fois de plus, les deux idées sortant au même moment sur le marché, c'est le plus gros qui remporta la mise.
Nous avons été abonnés à ces mauvais concours de circonstance ("Gotta have it" de VANESSA PARADIS vs. PARIS RED et le remix trance de "Take it easy" de CHERRY MOON vs. "Amphetamine" de DRAX Ltd.) ce qui explique en partie pourquoi la team a lentement périclité avant le coup de grâce final de 1997.

J'ai choisi de jouer la version hardbag house pour ce set et je pense que peu de gens connaissent ce single.

8/ RENÉ & PERAN "Give it to me" : une house hollandaise sans fioritures, juste efficace avec son gimmick d'orgue et son sample répétitif. Ici aussi, l'arrangement fraye avec les pizzicati.
Un disque acheté à Disco Gallery, dans la vieille ville d'Ibiza en août 1996.
Happy Music l'avait sorti en France quelques semaines après.

9/ MARY KIANI "100%" : une version signée du roi de la handbag, le DJ qui mixe avec une caisse de bières sous la table, j'ai nommé Tall Paul. L'anglais est surtout célèbre pour son remix de "Let me show you" de CAMISRA qui reprend le gimmick d'orgue de "Make the world go round" de SANDY B mais il a commis bien d'autres remixes tonitruants tournant généralement au-delà de 135 bpm.

Le sample est pris sur le classique "Can you feel it" de CLS.

10/ PUSSY "Gonna make me feel" (Hardbag Mix) : en 1997, c'est un duo de producteurs au bord de la rupture qui se lance dans l'aventure du 3e single de PUSSY.

Le premier single "Suck my pussy" a été signé dans plusieurs pays européens et les ventes françaises ont atteint 50 000 ex. malgré la faillite du distributeur WMD quinze jours après la signature du titre chez Ramdam Factory.
Nous n'étions plus à un coup dur près puisqu'un étrange cover par Latino Inferno avait surgi de terre de manière concomitante sur More Vinyl.
Il est des hasards bien curieux et tous ces souvenirs amers ne font que renforcer le dégoût que m'inspire le milieu du show-biz, ses escrocs et ses mauvais coups.

Très trance, plutôt complaisante avec ses gimmicks techno un peu putassiers et son break à base de pizzicati (encore eux), la version originale de "Gonna make me feel" n'est certes pas le chef d'œuvre de l'année. Elle sort en white label et la promo club de l'époque parvient à la hisser à la 5e place du Hit des Clubs Skyrock.
Le mix deep-house de la face B (Light In Dub Mix), plus en phase avec nos références, a l'honneur d'être joué par MC Adrian sur l'antenne de FG.

Nous avions osé ce type de promotion en faisant fi de toute démarche de label, l'exercice devenant de plus en plus laborieux.
En effet, le diktat des quotas de variété française ayant faussé la donne et les médias ayant globalement décidé de boycotter la dance au profit du rap, signer un disque d'eurobeat en anglais était devenu le parcours du combattant.

15 jours après l'envoi du premier vinyle, nous avions programmé un second envoi de remixes afin d'asseoir cette flatteuse position au classement. La version jouée dans ce set en est la face A, la face B (Light In Mix), étant peu glorieuse car très inspirée de "Gotta have hope" de Blackout.

Alors que nous pensions avoir fait le plus dur, la promo nous annonça qu'aucun label ne s'était porté acquéreur sous l'argument spécieux que "puisque le titre était déjà monté en white label, il était désormais trop tard pour fructifier l'opération par une signature et une commercialisation".

Alors que dans n'importe quel pays du monde, cette initiative des producteurs aurait été jugée comme une aubaine, les labels français, vexés d'observer ce qu'ils estimaient représenter une sorte de tentative de rébellion contre l'ordre établi, finirent par nous mettre sous l'éteignoir.

Finalement, je me réjouis qu'internet et ses "pure players", les labels communautaires et des distributeurs numériques comme Believe, aient mis un grand coup de pied dans cette petite fourmilière qui faisait la pluie et le beau temps.
Les radios et les maisons de disque sont toujours aux ordres du Top 40 européen (on ne joue et signe que ce qui a déjà fonctionné ailleurs), mais au moins, chaque producteur possède désormais une chance d'exister et d'accéder à la notoriété.

Pour en revenir à ce remix hardbag (conçu sous l'influence de nos soirées passées dans les clubs londoniens), je pense qu'il aurait mérité une carrière au moins anglaise et des DJ's comme Tall Paul l'auraient sans doute joué sans retenue.
Sauf avis contraire, il reste le seul disque de "handbag house" produit en France.

A vous de juger.

11/ YVES DERUYTER "The rebel" : en 1997, c'est mon ami Croustibat, aujourd'hui sur Contact FM et que je salue au passage, qui m'avait alerté sur ce disque qui faisait des ravages dans le nord de la France et dans sa Belgique natale.
Outre le gimmick de synthé au son et aux effets parfaitement programmés, c'est sa rythmique impitoyable et les samples de Public Enemy ("Rebel without a pause") qui parachèvent ce qui ressemble à un chef d'œuvre.

Final 100% trance allemande.

12/ GOD'S GROOVE "Prayer seven" : l'exceptionnel "Back to nature" avait servi de "bed" à mes interventions de l'époque Top Dance. Un an plus tôt, ces producteurs allemands avaient annoncé la couleur avec ce "Prayer seven" dont cette version flirte avec la trance goa.

13/ THK "France" : bien que signé sur l'historique label progressif anglais WARP (Speedy J, Nightmares On Wax, LFO, Aphex Twin...), ce titre est l'œuvre de l'allemand Thomas Kukula que l'on retrouve derrière le projet GENERAL BASE avec ses tubes "Base of love" (remember le Damage Control Remix joué dans le Hit des Clubs Skyrock ! ) et "Poison".

vendredi 5 novembre 2010

N° 85 : Real wild house (28th Street Crew, Clubland, Davina...)

Set non disponible

1/ RHYTHM REPUBLIC vs. MARSHALL JEFFERSON "Move your body" : à l'écoute de ce relifting, ce fut une énorme claque, l'original ayant pris un sacré coup de vieux.

A l'origine, cet hymne fut signé sur Trax Records, un label tenu par le peu recommandable Larry Sherman. Selon les dires de Jesse Saunders (celui qui est donné comme le créateur du premier disque house) dans son livre "House music...The real story", Sherman était un homme d'affaires peu scrupuleux voire malhonnête. Il avait l'habitude de presser des vinyles à la qualité sonore exécrable en utilisant comme matériau de base de vieux disques qu'il recyclait dans son atelier. Inévitablement, même neuf, le disque présentait des craquements et des sillons déformés !
Possédez-vous un disques Trax Records d'une qualité acceptable ? Personnellement non (notamment le disque de Marshall Jefferson à la bande passante digne d'un mp3 encodé en 96kbps et aux multiples craquements).
Et pourtant, ce Larry Sherman joua un rôle notoire dans la popularisation de la house music.

2/ SOUND FACTORY "Come take control" : une house d'origine suédoise produite notamment par Vito Ingrosso, le père de Sebastian Ingrosso, membre de la Swedish House Mafia.

3/ 28th STREET CREW "I need a rhythm" : un vinyl que l'on m'a volé en 1989 dans une soirée cauchemardesque à Chennevières-sur-Marne lorsqu'une bande de racailles était venue semer la terreur.

Acheté quelques mois avant à Miami, cette production qui s'inspire largement de "Respect" d'ADEVA et de "Make my body rock" de JOMANDA était réalisée par Clivillés & Cole sur Vendetta Records, label à l'existence trop courte auquel on doit "This is acid" de MAURICE, "Love together" de L.A. MIX, "Breakdown", "Groove me"et "Two to make it right" de SEDUCTION.

4/ THE BEATMASTERS feat. The Cookie Crew "Rok da house" : Dechavanne en avait fait un générique d'émission, autant dire que tout le monde connait et qu'il n'est pas nécessaire de s'attarder.

5/ FUTURE FUNK "Wildberry tracks" : les violons étaient trop beaux pour être natifs de cette merveilleuse production disco-house datant de 2005.
En effet, il s'agit d'un astucieux montage d'un extrait de "Don't make me wait too long" de BARRY WHITE.

6/ RAW "Play my game" : ce groupe fantomatique n'a sorti que deux titres, mais ils sont exceptionnels.
"Play my game" est un classic house tonitruant resté à l'état de test pressing (on se demande bien pourquoi).
"Intoxicated" révèle la puissance de la chanteuse Amanda Wilson que l'on peut entendre aussi sur "Love on my mind" de FREEMASONS.

7/ PARIS AVENUE "Feel it (it's so good)" : une reprise réussie du "It's so good" de Creative Force sortie sur Sub-Urban en 1993.
J'aurais aimé que des français furent à l'origine de cette production, mais malgré l'indice du pseudo, il s'agit en fait de producteurs belges, ces voisins qui nous surpassent littéralement en matière de techno et de house.
La France n'est pas un terreau de la house music et y réussir à percer tient du miracle ou d'un carnet d'adresses bien fourni dans les "milieux autorisés" (comme disait Coluche).
Nous-mêmes avons tenté en vain de 1991 à 1997 d'atteindre la reconnaissance malgré de multiples productions (vous en entendrez deux assez rares la semaine prochaine dans un set très énervé).

8/ EVE GALLAGHER "Love comes down" : la protégée de Boy George s'était fait connaître avec la version soul et downtempo de David Morales.
Signée sur Panic Records en France, c'est avec le grandiose "You can have it all" qu'elle avait réalisé une incursion remarquée dans le Skyrock Top Dance.
Sur la lancée, ce remix hardbag de "Love come down" était commercialisé sans hélas connaître le même succès.

9/ CLUBLAND "Let's get busy" (Sami Dee's Revival Red Zone Remix) : au milieu des années 90, j'avais rencontré Sami Dee dans les locaux de Skyrock. Il m'avait narré son aventure incroyable comme assistant ingé-son aux côtés de David Morales.
Je possède 5 K7 de sessions de mixes garage qu'il m'avait remis. Il est de la race des grands mixers radiophoniques.
J'ai été ravi de découvrir qu'il avait brillamment relifté ce premier tube de CLUBLAND, à l'époque remixé par son mentor.
Il est également en podcast sur DJpod.

10/ DAVINA "Don't you want it" : qui ne s'est pas jeté sur ce maxi absolument magique sorti sur Happy Records, le label de Detroit, et incontournable dans toutes les soirées house parisiennes ?

En cette année 1992, Detroit "la sinistrée"ne brille plus depuis longtemps.
20 ans plus tôt, le label Motown l'a lâchement abandonné pour les cieux plus cléments de Los Angeles.
En 1986, Derrick May, Juan Atkins et Kevin Saunderson y inventent la techno, une chance inouïe pour redonner vie à la "Motor City", mais assimilée à une "musique de Blancs", le public potentiel, celui d'Afrikaa Bambaataa, ne s'y reconnaitra pas.
C'est dans la vieille Europe que les 3 mages trouveront écho à leur sonorités avant-gardistes.

En 1990, Mad Mike Banks crée le label Underground Resistance dont Happy Records est une division qui cache le désespoir de ses artistes derrière la façade d'une house enjouée.

Déclin de l'industrie automobile, taux de chômage record...entre 1967 (l'année des fameuses émeutes raciales de juillet) et 1987, la population de la ville aura chuté de 30% !
L'"exode blanc" n'y a laissé qu'une population à 80% d'origine noire souvent ghettoïsée. Rongée par la désindustrialisation, certains iront même jusqu'à parler d'une ville-fantôme.

11/ SMOKIN BEATS "Dreams" : un duo anglais adepte du UK Garage et dont l'original assez peu convaincant est magnifié ici sous les arrangements des Kings of Tomorrow.
Vous aviez découvert dans mon premier set sa réinterprétation filtrée de "Dr Love" de FIRST CHOICE.
SMOKIN BEATS a d'ailleurs sorti d'innombrables maxis à base de samples funky et disco souvent estampillés "Lessons in disco". Avec ses samples de THE EMOTIONS et CHERYL LYNN, le volume 4 semble le plus populaire.
On perd leur trace en 2007.