vendredi 29 mai 2009

N° 20 : Harder, Faster, Stronger (Dancing Divaz, Klubbheads, Urban Cookie Collective, Tin Tin Out...)



Set non disponible



1/ ALEX PARTY "Don't give me your life" et 2/ CORONA "Baby, baby" : deux mixes-phares de mon émission "Le Hit des Clubs Skyrock", ces moments de liesse radiophonique de l'année 1995 où Cutmaster et moi-même nous surprenions à entrer en transe dans le studio, les moniteurs poussés au maximum... sous le regard interdit des autres. Des versions particulièrement happy signées par le duo anglais Dancing Divaz à qui l'on doit aussi les remixes de I love you baby (The Original) et Let Me Be Your Fantasy (Baby D).

3/ KELLEE "My love": un titre co-écrit par Johnny Fiasco, un producteur de Chicago, et boosté par les hollandais de Luvspunge. De la pure hard-house qui accorde juste quelques instants de grâce dans le break de piano.

4/ STRIKE "My love is for real" : un artiste récurrent de mes sets happy house ; la voix de gamine de Victoria Newton est totalement enchanteresse. Dommage, ce fut le dernier hit pour ce groupe qui avait capté toute l'énergie de cette "handbag house".

5/ URBAN COOKIE COLLECTIVE "High on happy vibe" : Coup de tonnerre en 1993 avec un titre qui s'imposait avec une évidence biblique, The key, the secret. Et, comme toujours, il fut accueilli assez tièdement par les DJ's français, végétant aux alentours de la 20ème place du classement. Marianne James dirait qu'ils "avaient de la merde dans les oreilles" pour passer à côté d'une telle merveille mais... tel fut le cas, à mon grand désespoir. Je doute qu'un quelconque pays européen ait pu ignorer ce hit mais la France reste une exception culturelle, consternante dans le cas présent.
Et cet extrait éponyme de leur premier album fut tout autant boudé !!! Ça n'est pourtant pas faute de s'être démené comme des diables avec ces arrangements portés par les envolées de la chanteuse, Diane Charlemagne.

6/ URBAN COOKIE COLLECTIVE "Bring it on home" : ce remix est la cinglante et hardcore réponse à l'insipide version reggae "façon Ace of Base" qui figure sur l'album. Transformant le plomb en or, ne gardant que quelques bribes de voix tout en imposant un gimmick de synthé mono style Pro-One (je peux en parler d'autant mieux que nous l'avons souvent utilisé dans nos mixes de Cherry Moon), ce "Almost Vicious Dub" a dû échauffer plus d'un "raver".

7/ TIN TIN OUT "The feeling" : une happy house sans Tin Tin Out serait inconcevable ! un titre qui frôle le sommet des charts anglais en août 1994. C'est l'un des producteurs de Tin Tin Out qui a signé Urban Cookie Collective sur le label Pulse 8.

8/ KLUBBHEADS "Discohopping" : la grande mode des arrangements à base de pizzicati de violons et initiés par FAITHLESS ! Que de producteurs (nous avons aussi pris le train en marche avec Pussy) ont utilisé ce son jusqu'alors inédit en matière de house. Milk Incorporated , Sash et ces hollandais de Klubbheads ont été de talentueux suiveurs. Le mix original sample le "Born to be alive" de Patrick Hernandez mais ce dub nous en préserve, heureusement.

9/ THE BEAT SYNDICATE "Throw the madness" : un remix signé Klubbheads et totalement fédérateur.

Glissement vers une house hypnotique !

10/ SCOTTI DEEP "Brooklyn beats" : accès de folie chez le label new-yorkais Henry Street pourtant coutumier d'une house gorgée de vibes. Il se fit connaître avec les hits The Bomb et The Funk Phenomena. Ce remix doté d'une montée mémorable est réalisé par les belges de Pulse 2 Rhythm.

11/REAL McCOY "Runaway" : Armand Van Helden dynamite l'Eurodance consensuelle de Real Mc Coy en nous gratifiant d'un remix aux confins de la démence, avec ce riff de piano tordu et filtré.

12/ HYSTERIC EGO "Ministry of love" : long, long enchaînement entre les deux titres ! Tall Paul, l'auteur de ce remix, est un DJ plutôt habité et agité. Je l'ai vu évoluer au Palace lors d'une soirée du label Nitemove, le 12 février 1996. La caisse de bières qui trônait sous sa table de mixage se vidait à vue d'oeil, mais la dextérité du DJ restait intacte malgré un état de transe évident !

13/ TIN TIN OUT "All i wanna do" : un mix assez bordélique avec un bruit de perceuse aux limites du supportable (il faut dire que mes oreilles deviennent un peu capricieuses après toutes ces années de sévices). On navigue entre hard et happy house, brinquebalés par cette tempête sonore.

14/ NUSH "U girls" : A quoi se résume la femme pour le groupe Nush ? réponse sur la pochette ! Reste que ce titre enjoué est un "must" de la handbag et diffusé abondamment sur l'antenne de Radio FG à l'époque.

vendredi 22 mai 2009

N° 19 : One step in the 2000s (Joey Negro, Axwell, Kamasutra...)

Set non disponible






Bien que ce blog évoque essentiellement le passé, j'avais esquissé dans mon tout premier set (The Rebirth Megamix) une entrée dans ce nouveau siècle avec quelques reprises ou remixes de vieux titres des années 70-80.
J'y pose à nouveau mon pied... avec prudence.

1/ KAMASUTRA "Where is the love" : un "Stardust-like" très élégant. Music sounds better with you s'appropriait l'intro du Fate de Chaka Khan, les italiens de Kamasutra (Alex Neri et Marco Baroni) s'inspirent avec une puissance de feu bien supérieure, l'apport de la voix suave et sexy de Weston Foster ne faisant qu'ajouter à l'exaltation. Je me suis amusé à glisser l'accapella de Stardust... et le résultat est là !

2/ KIMARA LAWSON "Stand up" : autre joyau du duo Kamasutra avec cette intelligente utilisation du riff de guitare de l'intro du Saturday de Norma Jean, une base sur laquelle une mélodie imparable vient se poser, provoquant l'euphorie sur le dancefloor.

3/ JOEY NEGRO feat. Taka Boom "Can't get high without you" : la soeur de Chaka Khan fut une égérie du producteur Joey Negro. Elle assura les voix sur d'autres de ses tubes comme Saturday ou Must be the music. Les choeurs de Can't get high without you rappellent le U turn me on de Tomorrow's Edition, les clins d'oeil aux grands classiques étant une pratique habituelle chez ce grand spécialiste de la disco music.

4/ L'entrée dans les 2000s s'effectue avec ce flamboyant "Fly away" de SUNBURST BAND, le groupe disco-jazz créé par Joey Negro. Un dub qui met en valeur toute la musicalité dont les productions de ce groupe font preuve. Le gimmick vocal reprend l'ad lib de I've had enough d'EARTH, WIND & FIRE.

Décidement les lecteurs de ce blog vont finir par penser que la house n'est qu'un grand marché du pompage. C'est en partie vrai mais, comme dit l'adage, "la musique se mord la queue en permanence" et l'on peut trouver dans tous les styles de musiques des gimmicks ou fragments de mélodies qui empruntent à d'illustres ou obscurs prédecesseurs. La SACEM tolère d'ailleurs dans le dépôt d'une mélodie originale une suite de 7 notes identiques à celles trouvées dans un autre morceau déjà édité. Je ne peux pas affirmer mes dires mais j'ai souvent entendu parler de cette tolérance accordé par le bureau de vérification des oeuvres. Il faut dire qu'avec 12 notes dans la gamme, on ne peut pas multiplier les combinaisons à l'infini et finalement, un jour ou l'autre, on finit par copier, souvent involontairement.

5/ JAMIROQUAI "Canned heat" : le génie de la disco-pop est annoncé pour la fin 2009 avec un album - paraît-il - très orienté acid-jazz. Les fans de la première heure avaient vu d'un mauvais oeil ces dérapages disco dont ses récents albums étaient truffés. Ce Canned heat est pourtant fadé et d'une gaieté contagieuse.

6/ SOULSEARCHER "Can't get enough" : dans la famille des samples, je voudrais le Let's Lovedance tonight de GARY's GANG (1979). La mélodie créée pour la circonstance par Soulsearcher (alias Marc Pomeroy du duo Jazz-n-Groove) est bien moins cul-cul que l'originale, une resucée du tube Keep on dancing.

7/ FIRST CHOICE "Armed and extremely dangerous" : titre éponyme de l'album sorti en 1973, c'est également le premier tube du groupe dont l'histoire n'a retenu que Let no man put asunder. Pourtant, la moisson de tubes fut exceptionnelle : Dr Love, Double Cross, The Player, Love thang... L'insigne dub de Full Intention met enfin en valeur ce must du "Philly Sound" qui n'avait pas fait l'objet d'une version maxi à l'époque.

8/ ANDREA T AND TIBET "Could it be magic" : Une reprise qui arrive à se hisser au niveau de l'illustre original interprété par Donna Summer. Et pourtant, quelle gageure ! Les versions des boys bands Take That et Alliage n'arrivent pas à la cheville de ce mix mais Alain Chamfort avait réalisé une adaptation intimiste très réussie à l'époque (Le temps qui court).

9/ FAT LARRY'S BAND "Lookin' for love tonight" : un disque que j'avais diffusé à l'époque bénie de la Max Party. Act like you know ( et sa ligne de basse multi-pompée) et ce titre sonnent comme les seuls hits de ce groupe de Philadelphie. Peut-être peut-on adjoindre à la maigre liste, la ballade Zoom.

10/ THE FACE "Needin' U" : le dernier grand disque de David Morales. Mais quelle mouche l'avait piqué pour sortir ce délirant assemblage de samples alors que ça n'était pas dans les habitudes de la maison ? Deux morceaux servent de base à ce titre : Let me down easy de RARE PLEASURE pour la ligne de piano et My first mistake des CHI-LITES pour les voix et les cuivres. Le break contient un scat déja entendu sur le New anthem de REEL TO REAL.
A cet empilage, j'ajoute brièvement ma touche personnelle avec l'accapella de Finally de K.O.T.

Je profite de l'occasion pour faire une prière ; une prière pour que le grand Morales cesse de succomber à l'attrait des sets et des tournées juteuses pour faire son come-back à la production avec ces arrangements dont il a le secret. Dans cette période de disette musicale, nous avons trop besoin de remixers de sa trempe pour convertir les titres fadasses qu'on nous fait avaler à longueur de journée sur les médias en véritables pépites pour un public en manque de vibes.
Dans les années 90, lorsque j'allais faire mes courses chez Champs Disques, avenue des Champs-Elysées, la première question que je posait aux vendeurs était : "Avez-vous du Morales à me faire écouter ?" ; et les gars avaient toujours 4 ou 5 productions à me proposer chaque semaine !!! idem pour Steve Hurley.

11/ KEVIN YOST "If she only knew" : Une concentration jamais égalée de samples dans un mix !!! C'est l'oeuvre de Todd Edwards qui transforme le titre plutôt tranquille de Kevin Yost en une sorte de "disco festival" avec des fragments de titres venus de tous horizons. Impossible de résister à l'envie de se trémousser sur un tel chef d'oeuvre.

12/ GUSTO "Disco's revenge" : le titre qui lança le label français Do it Music dont le directeur artistique était Sam Choueka (l'un des deux animateurs FM et télé connus sous le nom de Groucho et Chico) et le responsable promo, Cocto. Disco's revenge sample le Groovin' you de Harvey Mason. Il fallait y penser ! Des remixes anglais apportant une mélodie chantée renforcèrent l'attrait pour le disque... et sa diffusion en radio. A Skyrock, on m'a toujours dit que les instrumentaux n'étaient pas les bienvenus dans les programmations. Même les slows, jugés trop mous, furent bannis de l'antenne vers 1993. Les radios FM, à force de considérer l'auditeur comme un être décervelé, n'ont-ils pas creusé leur tombe ? Lorsqu'on voit les gesticulations actuelles dans ce petit monde et la crise terrible qu'il affronte, on se demande si le mal ne vient pas de toutes ces années de mépris.

13/ NOOTROPIC "I see only you" : une happy house "so british" remixée par Love to Infinity, des producteurs mancuniens qui ont remixé le Gotha de la pop internationale.

14/ C-MOS "2 million ways" : C-Mos est l'un des pseudos du producteur belge Oliver Abeloos qui fut à l'origine de tubes tels que T 99 (Anasthasia) ou Quadrophonia (Quadrophonia). Ces violons magnifiques sont empruntés à un vieux titre soul complètement ringard : Run back par Carl Douglas (remember Kung Fu fighting !). Sans doute que la technologie a permis d'optimiser ce sample peu évident à travailler à l'écoute.
L'intro du remix réalisé par Axwell (membre de la redoutable Swedish House Mafia) se mélange avec une grande magie aux violons de Nootropic. J'ai rougi de plaisir en trouvant ce mix et en le peaufinant. Et vous, qu'en pensez-vous ?

dimanche 17 mai 2009

David Mancuso : "All you need is Loft" ou la Genèse du Disco

David Mancuso fait partie de cette race de DJ's d'origine italienne qui ont fondé le mouvement disco.
Investi d'une mission quasi christique, il organisera dès le milieu des années 60 des soirées privées mémorables dans son propre loft new-yorkais, offrant par la même occasion un véritable sanctuaire d'expression et de liberté aux diverses communautés opprimées.
Proposant une programmation musicale d'un éclectisme sidérant et sublimée par un sound-system d'une perfection incroyable, il influencera la carrière de DJ's de renom tels que Frankie Knuckles, David Morales, François K et Larry Levan.
Le concept originel subsiste de nos jours grâce aux "Loft parties" qu'il organise à travers le monde et à New-York. Deux compilations dédiées permettent de revivre ces moments d'anthologie.


La naissance du Loft

Né en 1944, le petit David passe les 4 premières années de sa vie à l'orphelinat avant de vivre seul avec sa mère jusqu'à ses 16 ans. C'est un enfant paisible et indépendant, une nature qui conditionnera une destinée hors du commun.

En 1965, il débarque à New-York, rejoignant les groupe pacifistes et les mouvements de défense des homosexuels. Parallèlement, il vit de son activité de brocanteur et d'antiquaire.

Il s'est établi de manière tout à fait illégale dans un loft situé dans une zone industrielle, au 647 Broadway. Les locaux étant réservés au seul usage commercial, il doit ruser pour échapper à la menace des inspecteurs municipaux (dont les contrôles peuvent intervenir de manière inopinée) en cachant son lit derrière sa batterie de cuisine.

Passionné par le son et la musique, Mancuso réalise que ce lieu immense (230 m2 et 4m de hauteur de plafond) peut se révéler être l'endroit idéal pour organiser de grandes fêtes avec ses amis.
Contournant la réglementation en avançant l'argument des "soirées privées", les fêtes peuvent s'étirer jusqu'au petit matin, mais, en contrepartie, l'alcool y est prohibé.

Mancuso ne propose donc que jus de fruits, punch, gâteaux et bonbons dans un décor digne d'une soirée d'anniversaire (ballons de baudruche et serpentins ornent par centaines le plafond ), une réminiscence des fêtes organisées dans l'orphelinat de sa petite enfance.

Le 14 février 1970, il profite de la St-Valentin pour organiser la première "Loft Party" officielle, une soirée sur invitation où les élus triés sur le volet peuvent être blacks, blancs, porto-ricains ou gays. Sans doute Mancuso contribua-t-il à l'émancipation de la communauté homosexuelle plutôt déconsidérée dans les bars et clubs publics en lui laissant toute liberté d'expression chez lui. Disco et homosexualité sont d'ailleurs étroitement liés par l'histoire.


Mancuso, un "DJ-shaman" sous influences

Très inspiré par la philosophie du gourou Timothy Leary, l'usage du LSD est un élément essentiel de son mode de vie. D'ailleurs, n'a-t-il pas intitulé cette première soirée officielle, "Love Save the Days", un code caché qui, à l'instar du fameux" Lucy in the Sky with Diamonds" des Beatles, semble ne laisser planer aucune ambiguïté. Dans une ambiance "flower power", LSD et autres drogues hallucinogènes contribuent ainsi au "bien-être" et à l'élévation d'esprit des invités.

Trônant au dessus de la piste, l'amphitryon Mancuso parvient à embarquer son monde dans un merveilleux voyage grâce à un look christique et une programmation iconoclaste.
Mixant de manière sommaire, se contentant de cross-fader les titres avec deux platines pré amplifiées, il se considère plus comme un "hôte musical" qu'un véritable DJ, n'utilisant d'ailleurs jamais le pitch control des platines et jouant les morceaux jusqu'à leur terme.


Les prémices de la Disco

La force de Mancuso réside dans l'extraordinaire minutie avec laquelle il a conçu son sound-system, privilégiant la clarté du son au détriment de la puissance.
Cette perfection inspirera le technicien qui concevra la sono du célèbre Paradise Garage. François Kevorkian, habitué des lieux, viendra souvent tester la qualité de ses mixes sur les enceintes de Mancuso.
Dans les soirées du Loft, on croise des aficionados tels que Frankie Knuckles, David Morales... et Larry Levan, bien entendu.

La programmation musicale tient véritablement d'une "tour de Babel" des styles.
Alternant rythmes tribaux africains, jazz et thèmes vaporeux propices à la méditation, Mancuso ensorcèle.

On prétend qu'il fut le premier à jouer le disque fondateur du disco, Girl you need a change of mind de Eddie Kendricks, un cool tempo de 7'30" entrecoupé de longs breaks instrumentaux.
Il est aussi celui qui dénicha en 1972 le Soul Makossa de Manu Dibango chez un petit disquaire local, créant par la suite un buzz incroyable en ville.


La création d'un pool de DJ's

Dans les 70's, les groupements de DJ's de clubs n'existent pas, les maisons de disques concentrant leurs envois de nouveautés aux seuls DJ's de radio. Le DJ de club, avec sa cinquantaine de dollars en guise de salaire pour la soirée, est considéré comme un renégat. C'est souvent à un simple grouillot que revient la tâche ingrate de passer des disques les uns après les autres.

En 1975, Mancuso décide de faire la révolution en créant un Record Pool afin que tous les DJ's de la ville puissent bénéficier gratuitement des promos au lieu de devoir les acheter avec leurs maigres deniers. Bientôt, Judy Weinstein (future manager du label Def Mix Productions) prendra en main la gestion du pool.

La même année, il décide de déménager et d'inaugurer son nouveau "loft" au 99 Prince Street, gagnant en surface et pouvant désormais accueillir environ 300 personnes.
En 1985, chassé par la pression immobilière, il doit migrer sur 3rd Street au cœur du très mal famé quartier d'Alphabet City. Il perdra alors plus de 60% de sa clientèle mais parviendra à faire subsister le concept pendant 10 ans.


En 1995, il jettera l'éponge, décidant d'organiser des "Loft parties" itinérantes à travers le monde. Épisodiquement il recrée la magie à New-York dans des salles louées pour l'occasion.

Les deux compilations The Loft qui regroupent les titres-phares de sa programmation permettent de saisir toute l'essence de ces soirées historiques.

jeudi 14 mai 2009

N° 18 : The Full of Glamour Megamix (Victor Simonelli, Blue 6, Danny Tenaglia, Nuyorican Soul, Mousse T.)

Set non disponible






Glamour
: nom anglais signifiant charme ou fascination.
C'est bien le meilleur qualificatif pour parler du garage et de la deep-house, une musique qui m'a ensorcelé il y a 20 ans et qui me possède toujours.
J'ai beau me dire que tous ces titres finiront par paraître surannés, rien n'y fait, la magie est intacte.

Full of Glamour : un clin d'oeil appuyé au nom que le producteur d'Abyale donna à mon premier remix commercialisé en février 1991 (I wanna be your lover too). Je l'ai réécouté il y a peu et, grâce au renfort d'arrangements effectués dans le break et l'ad lib par Fred Riester lors de la session de mixage, le titre a bien supporté le poids des ans. Sans ce petit lifting de dernière minute, peut-être semblerait-il un peu mièvre aujourd'hui.

Egrenons maintenant ces titres au charme si envoûtant.

1/ CREATIVE FORCE "It's so good" : une production jouissive signée Victor Simonelli, l'une des grandes figures du New Jersey Garage... un visage qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le Travolta de La Fièvre du Samedi Soir !
Enfant de la FM new-yorkaise, ce sont des "radio DJ's" tels que Tony Humphries ou Shep Pettibone qui forgeront sa culture musicale. Lui aussi fera son apprentissage en tant qu'ingénieur du son au service d'une pointure, Arthur Baker.
Cette filière technique semble assez évidente dans la saga des grands remixers américains.

Producteur à part entière à la fin des années 80, il effectue un démarrage discret avec des titres underground sous le pseudo de THE BROOKLYN FUNK ESSENTIALS (We got to come together - 1988) avant de s'imposer en 1992 dans la "dream team" du garage new-yorkais avec CLOUD NINE (Do you want me) et UNDERGROUND COMMITTMENT (I know a melody), titres figurant sur Sub-Urban Volume One, une compilation d'un des labels que possède son ami Tommy Musto, avec qui il collabore régulièrement.

CREATIVE FORCE est l'un des pseudos utilisés par le duo (COLOURBLIND, T.M.V.S.) et le titre It's so Good, sorti en 1993, sample avec bonheur le piano Rhodes qui ouvre le Summer Madness des KOOL & THE GANG. J'aurai l'occasion de vous présenter d'autres morceaux signés par l'ami Simonelli.

2/ BLUE SIX "Music and wine" : 1998. Cela fait longtemps que j'ai fait mon deuil de l'avènement de cette musique garage largement programmée dans mes émissions sur Skyrock. Pourtant, en 1995, une compilation nommée Penetrate Deeper et produite par le duo Deep Dish m'avait littéralement embarqué, me laissant penser que cette deep-house allait exploser d'une urgence glamour qui contaminait l'ensemble des titres du tracklisting. Elle fit long feu en France, n'étant même pas commercialisée alors qu'elle représentait un must absolu. C'est d'ailleurs vers le milieu des années 90 que le garage a entamé son déclin irréversible.

En ce début d'année 1998, ma carrière de producteur est proche de la fin. Ayant tourné la page Cherry Moon, moi et mon associé éprouvons les pires difficultés à signer nos titres "garage", qui représentent pourtant notre objectif prioritaire.
Je rend visite à la promo club de BMG où je retrouve un ancien du label Airplay, Gino Castagnette. Nous avons déjà tenté ensemble de populariser le garage en 1994 avec la compilation Rave Zone Garage. Il me parle d'un nouveau groupe, BLUE 6, qui possède les atours pour me réconcilier avec cette musique qui s'en va à vau-l'eau et me fait écouter le titre Sweeter Love. C'est la grande claque ! Un titre "full of glamour" qui provoque cette fameuse érection capillaire chère à André Manoukian !
Un nouveau style "garage" d'une grande sophistication, des arrangements ciselés où la douceur des voix aurait remplacé les grandes envolées lyriques des divas. Cette voix suave est celle de Lisa Aya Trenier.
Et si la deep-house et le garage avaient enfin trouvés leur maîtres avec les producteurs de ce label Naked Music Recordings, Jay Denes et David Boonshoft ? François Kevorkian avait eu du nez en distribuant leur deux premiers singles : Do ya like it ? et le fameux Sweeter Love. Dès lors, la machine est lancée et des artistes plus magiques les uns que les autres émergent : AYA et BLUE SIX, les pionniers, puis MIGUEL MIGS (a.k.a. PETALPUSHER), LOVETRONIC, AQUANOTE, LISA SHAW, GAELLE, ANDY CALDWELL.
10 ans après, ils tiennent tous le haut du pavé et insufflent un vent de modernité à un style pourtant à l'agonie. La France continue de snober royalement ce mouvement, préférant se concentrer sur la scène rock, ragga et rap (Canal + ou France Télévisions ont-ils déjà chroniqué ou programmé l'un de ces artistes dans leurs émissions-phares que sont le Grand Journal ou Taratata ?) ce qui fait que les "soulful house lovers" comme moi deviennent élitistes sans l'avoir cherché. Il faut dire que toutes les personnes avec qui j'évoque ma passion pour les artistes de Naked Music me regardent avec un air ébahi.

3ème single du groupe Blue 6, ce Music and Wine apparait "quintessentiel", et ce remix de Attaboy d'une urgence absolue.

3/ DANNY TENAGLIA "Look ahead" : extrait de l'excellent l'album Hard & Soul (1996), ce titre met en valeur la voix de Carole Sylvan, une choriste créditée sur de nombreux titres garage et funk depuis 1979 (Inner Life, Sharon Redd, C&C Music Factory, Barbara Tucker, Byron Stingily...).

4/ DANNY TENAGLIA feat. Teena Marie "Baby, do you feel me ?" : une "double priority" méritée pour Tenaglia qui frappait encore un grand coup avec son album Tourism sorti en 1998. Ce titre voit l'apparition eu guest-vocal de Teena Marie, une artiste assez atypique du mouvement funk des années 80 ; compositeur-interprète et productrice de ses albums, je vous invite à découvrir cette chanteuse blanche au swing impeccable sur des titres comme Behind The Groove, I Need Your Loving ou Square Biz.

5/ HALO "Keep reaching" : du pur garage avec cette production de Frankie Feliciano sortie en 1997 sur son label Riconstruction. Une fois de plus, le titre s'envole grâce à la performance de cette sacrée Carole Sylvan. Il serait judicieux qu'un producteur lui concocte un album à sa mesure.

6/ NUYORICAN SOUL feat. Jocelyn Brown "It's alright, i feel it" : Nuyorican Soul est l'ambitieux projet imaginé par les Masters at Work : réaliser un album où fusionneraient tous les styles, du jazz au disco en passant par la salsa. Réunir Eddie Palmieri, Roy Ayers, George Benson, Tito Puente et Vincent Montana Jr. relevait de la gageure mais... aux Masters rien d'impossible.
Je réalise ici un léger mash-up sur l'ad lib en incluant l'accapella du All i need de UNA MAS.

7/et 8/ INDIA & NUYORICAN SOUL "I love the nightlife" : un double pack mémorable pour cette B.O.du film The last days of Disco sorti en 1998. Le tracklisting est à l'aune de celui du film Studio 54... carrément premium ! Ce I love the night life est une relecture admirable du titre de Alicia Bridges sorti en 1978. L'ex-compagne de Louie Vega, India, envoie le bois !

9/ HELLER & FARLEY PROJECT "Ultra flava" : Autant l'original était hypnotique et minimaliste, autant ce remix de Mousse T. et Boris Dlugosch baigne allègrement dans une ambiance happy house enrichie par un refrain choral. Au passage, rappelons que l'original avait pour base les arrangements du remix du How Long de Ultra Naté réalisé par le duo anglais. Sans doute en avaient-ils immédiatement capté le potentiel pour prévoir de le ressortir sous un nouveau nom. Futés british !

10/ DA MOOCH feat. Ellis Miah "Send me some love" : un titre glané sur le Ministry of Sound Sessions Eight réalisé par Todd Terry. Une compilation à se procurer d'urgence tant le tracklisting est remarquable.

11/ Final avec l'un des fleurons de l'oeuvre de Mousse T., un remix improbable du "L'Ombelico del Mondo" de JOVANOTTI. A l'écoute de l'original qui s'inscrit dans un style "rock festif" à la Mano Negra, on mesure que seul le génie du remixer peut aboutir à un résultat aussi éloigné et non moins sompteux.

vendredi 8 mai 2009

N° 17 : A journey through global house (jazz house, New Jersey Garage, Reel to Real, Jazz-n-Groove)

Set non disponible





Oui, la house est globale, multi-facettes. Comme vous le savez, elle tire son nom du club de Chicago, le Warehouse, où les styles les plus variés furent joués, du disco à la new-wave. C'est sans doute le seul style musical capable de fédérer un public sur le dancefloor au delà des clivages communautaires, franchissant les barrières raciales et sociales... car la house se mêle de tout, avec talent.

1/ THE BUCKETHEADS "The Bomb" : pour démarrer, voici ce que j'estime être le meilleur remix du titre du groupe-concept imaginé par les Masters at Work, la version réalisée par un trio de producteurs du nom de Jinxx. Un zeste de latin-jazz et un Rhodes omniprésent saupoudrent l'original sans le dénaturer. Inutile de rappeler d'où vient le sample. Pour l'aspect technique, le début de la phrase originale est tronqué et le "Street sounds fall into my mind" devient "These sounds fall into my mind". Mon adage sur la signification du génie en matière de musique est ici parfaitement illustré. Un modèle à montrer dans toutes les écoles ?

2/ INCOGNITO "Givin' it up" : Jean-Paul Bluey" Maunick, la tête pensante ce groupe d'acid-jazz à géométrie variable, est un peu le "Maurice White" des années 90, peaufinant des arrangements aux cuivres flamboyants. Signé sur Talkin' Loud par Gilles Peterson, Incognito sort en 1991 Always there, un deuxième single qui marquera l'histoire de la dance music, devenant rapidement un hymne panthéonisé grâce à la voix puissante de Jocelyn Brown et au remix de Morales. En 1993, leur 3ème album, Positivity, est un véritable succès, recelant bien des joyaux : Still a friend of mine, Pieces of a dream et ce Givin' it up remixé ici par Roger S. et chanté par l'incroyable Maysa Leak.

3/ Qui est TOWA TEI ? au début des années 90, il forme avec Dmitry et Lady Miss Kier le groupe Deee-Lite. Démarrant une carrière solo, il sort un premier album très easy-listening en 1994. Les titres Batucada ou Technova pourrait de nos jours figurer aisément dans le track-listing d'une compilation lounge. "Luv Connection", interprété par Joi Cardwell (chanteuse sur l'album de Lil' Louis, Journey with the lonely), est au départ une ballade cool tempo qui est remixée de manière très furieusement happy par Maurice Joshua.

4/ FEDERAL HILL "I've got something for you" : une production de l'excellent label new-yorkais Sub-Urban remixée par T.M.V.S. alias Tommy Musto & Victor Simonelli, les fondateurs. Un titre d'une facture très représentative du genre "New Jersey garage".

5/ EAST 57TH ST. feat. Donna Allen "Saturday" : une pièce essentielle du label dance AM:PM qui signa moult hits : Giv me luv (ALCATRAZ), Witness (ANN NESBY), Horny (MOUSSE T) et Free (ULTRA NATE). Ce Saturday est une reprise d'une chanson de Norma Jean écrite et produite par CHIC en 1978. Outre la mélodie, c'est surtout le fameux riff de guitare qui provoqua l'engouement pour réaliser une reprise (se procurer le dub de Full Intention).
Découvrez ici un remix signé par Jazz-N-Groove (alias Brian Tappert & Marc Pomeroy) qui avaient démarré leur carrière sur le label Sub-Urban.

6/ JAZZ-N-GROOVE "Do ya" : le duo que l'on retrouve sur cette rarissime et brillante production garage du label ESA Records.

7/ NITRO DELUXE "This brutal house" : 2ème remix DMC proposé dans mes sets. Je l'ai choisi car il utilise justement en gimmick un accord de synthé du morceau précédent. Un vieux classique house repris dans un parfait style DJ bourré de samples par les anglais de GREED (alias FULL INTENTION ou HUSTLERS CONVENTION). Notez au passage l'emprunt de la rythmique du Took my love de Bizarre Inc et du break vocal du Ride on the rhythm de MAHOGANY.

8/ BIZARRE INC "Took my love" : L'enchaînement avec NITRO DELUXE était donc d'une évidence biblique. De ce côté de l'Atlantique, les anglais ont adopté l'aspect techno de cette house dont l'éclectisme est pourtant l'essence. Certains groupes comme Bizarre Inc parviennent cependant à réaliser l'osmose entre un arrangement agressif et la "black vibe" ; ce Took my love porté par la diva Angie Brown en est la preuve. Ce sera le dernier gros hit de ce groupe.

9/ GREED "Pump up the volume" : le phénomène REEL TO REAL a véritablement marqué les esprits dès le premier single, The new anthem. Greed s'empare donc de ce gimmick d'orgue pour revisiter ce vieux classique house. Et de reprendre par la même occasion le riff de sax des Nightcrawlers (Push the feeling on). Le break façon hip-hop s'inspire du Bells of N.Y. de SLO MOSHUN sorti l'année précédente.

10/ REEL 2 REAL "The new anthem" : fort logiquement, j'en arrive à ce premier tube d'Eric Morillo, le stratège du groupe. Ce titre est signé en France dans l'indifférence générale sur Happy Music. Présenté dans deux versions sur l'historique compilation du label, The Soul of Garage il sera dédaigné dans les programmations des club. La version mixée ici est le quasi-instrumental Union City Mix. C'est le ragga déjanté du Mad Stuntman et le gimmick imparable du I like to move it qui apporteront toute la force et l'originalité au concept, provoquant enfin l'hystérie générale.

11/ Un mash-up sur le Keith's Klub Instrumental Mix du "Raise your hands" de REEL 2 REAL avec des samples glanés ça et là sur les maxis du groupe. Keith Litman est un collaborateur régulier d'Eric Morillo. Il a remixé des titres comme Conway ou Jazz it up. Sa version hard house du titre est absolument extraordinaire.

12/ D MOB "One day" : continuité dans cette house hypnotique avec le remix de Eric Morillo alors que l'original est totalement gospel et soulful.

13/ Un final happy house avec une énigmatique production du label Cleveland City : DJ TOOLS VOL. 1 "Ooh yeah". Les heureux acheteurs du triple pack vynil de la compilation "The Sound Of Cleveland" ont eu droit à ce morceau bonus qui ne figure pas sur la version CD. Quoi qu'il en soit, se la procurer d'urgence est un devoir.